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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/438

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Les aspirantes avaient pourtant un auditoire nombreux dont la seule attitude, si elles eussent voulu l’observer, leur eût été un avertissement : je veux parler des jeunes élèves-maîtresses, si intelligentes, de l’école normale de la Seine. Toutes les fois qu’à leurs oreilles a retenti une parole franche d’allures, occupée des choses, tâchant de les exprimer, les exprimant plus ou moins heureusement, mais les prenant corps à corps, avec cette décision qu’entraîne la connaissance suffisante du sujet et aussi cette bonne grâce de la personne qui consent à s’oublier elle-même pour s’intéresser à ce qu’elle dit, nous les ayons vues, même à a fin d’une de ces longues et lourdes séances dont elles sentaient comme nous le poids, ranimer leur attention, se redresser, écouter non plus par devoir ou par déférence, d’une oreille demi-ouverte, mais par plaisir, avec les pleines forces de leur esprit. Les juges pouvaient alors se dire en toute sécurité de conscience : « Nous avons devant nous une maîtresse vraiment digne de ce nom ; elle se fait écouter ». Instruits par l’expérience, nous avons dans la seconde partie de la session recommandé aux aspirants de n’’apporter avec eux qu’une feuille de papier et encore de dimensions restreintes ; nous nous en sommes bien trouvés, et eux aussi, je crois : cette recommandation devra être maintenue.

Il conviendrait que les aspirantes attachassent plus d’importance aux interrogations. Il semblait qu’elles regardassent leur tâche achevée avec la leçon et que, épuisées par les efforts qu’elles venaient de faire, elles fussent trop heureuses de passer la parole à d’autres et de la leur laisser ; elles n’intervenaient que pour provoquer la réponse : elles ne dirigeaient pas ; cette partie de l’épreuve prenait le plus souvent un ton si insignifiant que le jury y mettait bientôt un terme. Il y a pourtant un art d’interroger, de faire ressortir les grandes lignes, de dégager l’idée principale d’une leçon, de s’assurer si tel point important ou délicat a été bien compris, d’y insister de nouveau, de le remettre, s’il est nécessaire, dans son vrai jour, en toute lumière.

La correction du devoir, n’étant pas précédée d’un aussi long temps de préparation que la leçon, a forcé les aspirantes à se livrer bien plus à elles-mêmes et leur a donné l’occasion de se montrer davantage. Un certain nombre d’entre elles ont dans