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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/557

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DE L’ÉDUCATION DES FILLES

torisé le lycée à s’annexer des classes élémentaires[1], et si l’on n’avait en même temps donné aux études de la deuxième période un caractère semi-facultatif propre à retenir les jeunes filles, en leur offrant le moyen de s’adonner à leurs aptitudes spéciales. La nécessité des classes élémentaires n’a pas besoin d’être démontrée. Compter sur la famille pour y suppléer, c’est se faire illusion sur son impuissance et méconnaître l’objet même de la loi qui a été faite pour lui venir en aide. Qu’on puisse espérer davantage du concours des établissements privés, cela n’est point douteux ; mais serait-il juste et prudent de demander à l’enseignement libre un simple travail de dégrossissement pour des élèves destinées à lui être ultérieurement enlevées ? Quant aux établissements primaires proprement dits, fût-il possible d’y admettre, avec les enfants dont c’est la place, celles qui ne feraient qu’y passer pour arriver aux études secondaires, — alors que l’application de la loi sur l’obligation combinée avec celle de la gratuité va créer tant de charges à l’État, — cette organisation, en obligeant l’école à prendre des enfants qui ne seraient pas faites pour elle, lui serait aussi funeste qu’il serait funeste au lycée de recevoir des élèves qu’il n’aurait pas préparées. L’école, pour rendre les services qu’on lui demande, doit rester l’école, c’est-à-dire s’accommoder aux besoins de la moyenne des intelligences que son rôle est de former. Ce n’est qu’une élite qui en sortira pour entrer au lycée ; et, avec l’aide qu’elles ne manquent jamais de trouver, les élites arrivent toujours à se frayer leur chemin. Que le lycée, de son côté, conserve son caractère d’établissement d’éducation à longue portée. Pour exercer sur l’esprit de l’enfant une action sûre, il faut le soumettre de bonne heure à une forte discipline. Rollin et Mme Necker fixent à huit ans l’âge où la jeune fille est en état d’entreprendre ses études[2], et, de huit à douze ans, sa préco-

  1. Décret du 28 juillet 1881, art. 14 ; Arrêté du 28 juillet 1882. Le soin d’établir les programmes des classes élémentaires est laissé à la directrice de l’école, assistée du conseil des professeurs, sous le contrôle du recteur de l’académie.
  2. C’est également l’avis de l’abbé de Saint-Pierre, de Mme de Miremont, de Mme Campan. L’abbé de Saint-Pierre propose de prendre les petites filles à cinq ans, Mme de Miremont à sept. « La nature, dit-elle, n’est jamais neutre ; elle semble même parler plus tôt chez les femmes. » — « Dès cinq ans, dit