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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/45

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L’ORGANISATION
DE

L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN TUNISIE

Rapport présenté à M. le Ministre de France à Tunis par M. Machuel, délégué dans les fonctions d’inspecteur d’académie pour les écoles tunisiennes.


Monsieur le Ministre,

Le service dont l’organisation s’impose tout d’abord en Tunisie est celui de l’instruction publique. C’est lui qui doit préparer le personnel indispensable aux autres services, et c’est parmi les élèves sortis de nos écoles que les employés tunisiens devront être recrutés. Il est donc urgent de nous occuper dès maintenant de la création de ces écoles et de rechercher les moyens les plus pratiques et les plus rapides d’instruire les indigènes. Il faut aussi que nous arrivions, dans un temps très rapproché, à former des instituteurs arabes, sachant suffisamment notre langue pour pouvoir l’enseigner, façonnés à nos méthodes, imbus de nos idées et dévoués à notre cause. C’est sur eux que nous devons compter pour assurer notre influence, pour répandre nos idées et pour amener leurs coreligionnaires à nous considérer comme leurs défenseurs naturels.

Je vais vous soumettre, monsieur le ministre, un projet d’ensemble auquel, sans doute, un examen plus attentif de la question fera apporter des modifications, mais qu’il serait peut-être avantageux d’appliquer rapidement.

Je crois nécessaire toutefois de le faire précéder de quelques renseignements sur l’état actuel de l’enseignement en Tunisie, afin d’examiner s’il ne serait pas possible d’utiliser ce qui existe déjà. L’instruction est donnée aux indigènes dans trois sortes d’établissements : les mekâteb[1] ou écoles primaires, les medâres[2] ou écoles supérieures, et le collège Sadiki[3]

  1. Le mot mekâteb est le pluriel du substantif mekteb, qui signifie proprement lieu où l’on écrit. Les écoles primaires sont encore appelées en Tunisie kettâb ou bien ketâteb.
  2. Medâres, pl. de medraça (prononcé dans l’usage oral mederça), veut dire lieu où l’on enseigne.
  3. Sadiki est un adjectif relatif tiré du nom du bey Mohammed Essâdek, Le collège Sadiki a été fondé en 1874 par le général Kbeireddine, qui voulait fonder en Tunisie un personnel administratif absolument indigène, mais con-