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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/49

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ORGANISATION DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN TUNISIE

et même quatre étudiants. Au milieu se trouve le plus souvent une vaste cour entourée d’arcades. Voilà où nous pourrons peut-être trouver des locaux pour nos écoles. Les étudiants que j’ai vus paraissaient avoir de 18 à 30 ans. Ils m’ont dit qu’ils venaient des différents pays de la Tunisie, surtout des villes de la côte. Ils m’ont écouté avec un certain intérêt et ont mis le plus grand empressement à me donner tous les renseignements que je leur ai demandés[1].

Le collège Sadiki est, à proprement parler, un établissement d’enseignement secondaire. C’est aussi le seul qui rende des services réels à la Tunisie. Je me propose de vous en parler longuement dans un rapport spécial que je vous adresserai ultérieurement. Il a subi tout récemment une amélioration notable et fonctionne actuellement dans d’assez bonnes conditions : mais il sera nécessaire d’y apporter encore des réformes profondes. Ce collège nous sera d’une très grande utilité ; nous pourrons y former des jeunes gens suffisamment instruits parmi lesquels les diverses administrations de la Régence recruteront leurs employés. et (ce qui doit nous intéresser davantage) un personnel complet pour nos écoles. Mais il est indispensable qu’un régime tout différent soit appliqué aux étudiants qui se destineront à la carrière de l’enseignement et que le mode de recrutement des élèves soit changé.

Projets proposés.

D’après les détails qui précèdent, vous voyez, monsieur le ministre, qu’il est à peu près impossible d’utiliser, en dehors du collège Sadiki, les établissements d’instruction en Tunisie. Nous ne pouvons absolument pas compter sur les écoles que j’ai appelées primaires et qui sont tout à fait privées. Le gouvernement n’a sur elles aucune action, et nous ne saurions, sans danger de froisser la population, y introduire notre enseignement. En admettant même que la chose fût possible, dans quelles conditions se ferait-elle ? Aurions-nous des maîtres qui iraient dans quelques-unes seulement, où les élèves seraient réunis à certains moments, faire, pendant une ou deux heures par jour, des cours de français ? Combien de maîtres ne nous faudrait-il pas ! Et le matériel, et les salles même, où les trouverions--

  1. Beaucoup d’étudiants viennent à Tunis avec l’intention bien arrêtée de travailler et de puiser, auprès de maîtres renommés, une instruction arabe solide et qui leur permettra d’obtenir quelque emploi, ou d’acquérir, dans leur pays, une situation honorifique ou religieuse importante. Mais la plupart sont attirés par le désir de mener une existence facile et peu coûteuse. Beaucoup d’entre eux assistent aux enterrements pour réciter des prières, vont psalmodier dans les mosquées et les maisons particulières les versets du Coran, et reçoivent pour cela des gratifications plus ou moins fortes qui leur permettent de couler tranquillement leurs jours. Aussi rencontre-t-on assez souvent dans les medâres des étudiants à barbe grise.