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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/528

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REVUE PÉDAGOGIQUE

mais pour les citoyens des hautes classes et surtout pour ceux de profession libérale, artistes, savants, professeurs, etc., cette obligation est dure et fâcheuse. D’autre part, l’Angleterre, l’Amérique sont exemptes de ce tribut écrasant, et le temps n’est pas éloigné où la vieille Europe, chargée de ce poids, ne pourra plus soutenir la concurrence économique. On devra donc forcément chercher à remplacer, dans la mesure du possible, le service militaire par lequel on forme aujourd’hui des soldats. L’unique solution qui se présente est de préparer d’avance le jeune homme à tout ce que l’armée attend et exige de lui.

Cette conclusion est d’autant plus raisonnable que l’homme atteint, avant l’âge de vingt ans, son plus haut degré d’aptitude à l’apprentissage de la gymnastique, sa plus parfaite faculté d’accommodation aux exercices corporels. On sera amené naturellement à tourner ces dispositions au profit de la défense nationale. D’autres peuples ont précédé l’Allemagne dans cette voie[1] ; elle devra les y suivre.

Ce souci de la défense nationale produira, il est vrai, une transformation dans notre gymnastique. Elle est bien trop compliquée, coûteuse, inutilement raffinée. Combien celle des Grecs était simple et naturelle ! et qui oserait dire qu’elle ne valait pas la nôtre ? Nos gymnases ne sont plus des lieux de jeu (Spielplätze) dans le sens du ludus latin, à la fois centres de récréation, d’exercice et d’éducation. Ils doivent le devenir. Ils peuvent former un jour comme le point de ralliement de la vie sociale. Où est-il aujourd’hui ? dans les cafés (Wirthshäuser).

La Suisse et l’Angleterre[2], où la liberté est de vieille date, nous offrent, dans quelques-unes de leurs traditions et de leurs habitudes, certains traits de l’influence qui pourrait être exercée sur les mœurs par la gymnastique. Nous n’avons pas de fêtes populaires. Celles de l’Église ont un caractère tout spirituel ; et certes, l’idée des fêtes d’un peuple est loin d’être épuisée par l’image qu’elles offrent actuellement, ne servant que trop souvent de prétexte à des divertissements plus ou moins athéniens. Qu’on songe, encore une fois, à Olympie ! Les fêtes nationales

  1. Notamment la France, avec les bataillons scolaires.
  2. T1 faudrait y ajouter les Flandres.