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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/61

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CONFÉRENCES PÉDAGOGIQUES DES INSTITUTEURS ALLEMANDS

être rendus compréhensibles aux enfants. Aussitôt que possible, on emploie ra des phrases qui répondent au cercle des connaissances de l’élève. »

Dans la conférence de Paradies (1882), on accepte la méthode des mots normaux, sans entrer dans le détail de l’application et des avantages. Les résolutions de la conférence de Posen (1879) sont plus explicites :

« La méthode des mots normaux a son origine dans l’enseignement intuitif ; grâce à elle, l’intuition cesse d’être isolée de l’ensemble de l’enseignement et sert à préparer et à seconder l’écriture et la lecture. Cette méthode met en pratique le principe de Jacotot, « Tout est dans tout », en se servant des rapports mutuels qui existent entre l’intuition, le langage, l’écriture, le dessin, la lecture, les exercices de mémoire et de chant ; mais, par sa marche analytique, elle ramène ce principe à sa juste mesure, puisque l’enfant apprend à lire par l’image du mot et par la décomposition du mot en ses éléments ; par sa marche synthétique, en composant des mots au moyen d’éléments déjà connus, elle est une Lautiermethode (méthode phonétique), dans le meilleur sens du terme. Enfin c’est une méthode d’écriture-lecture, puisque l’enfant ne lit rien qu’il n’ait écrit auparavant. Par ses rapports avec l’enseignement intuitif et par la variété de ses exercices, la méthode des mots normaux est conforme au développement psychologique de l’enfant ; elle tient en éveil son intérêt et son attention, favorise l’éducation de ses sens, élargit le cercle de ses perceptions, de ses pensées, de son langage, lui donne à la fois l’éducation formelle et matérielle ; par ses parties accessoires, récits enfantins et poésies, elle n’exerce pas une influence moins grande sur son éducation morale. »

Les instituteurs réunis à Bayreuth (1881) recommandent également l’emploi de la méthode des mots normaux.

Cette méthode des mots normaux, qui semble appelée à beaucoup d’avenir, commence à s’introduire dans nos écoles. La méthode Schüler et le petit ouvrage de M. Cuissart ne sont pas seulement des méthodes d’écriture-lecture, mais des méthodes de mots normaux ou des méthodes analytiques-synthétiques. Malheureusement, les principes sur lesquels reposent ces méthodes ne sont pas suffisamment connus ; et il arrive souvent que dans la pratique (nous l’avons constaté maintes fois,) elles sont transformées en simples méthodes de lecture avec ou sans épellation ; leur but est alors complètement manqué.

L’enseignement de la lecture, compris comme nous venons de l’exposer, sera le point de départ de l’enseignement de la langue maternelle. Les premiers exercices de la langue seront reliés a la lecture et à l’intuition, soit que ces deux enseignements se trouvent combinés, soit que l’intuition forme un enseignement indépendant, comme le veulent les partisans de la méthode simple d’écriture-lecture.