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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1884.djvu/63

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CONFÉRENCES PÉDAGOGIQUES DES INSTITUTEURS ALLEMANDS

D. Histoire. — Outre les connaissances positives qu’il donne aux élèves, l’enseignement de l’histoire a une puissance éducative considérable. Il faut certainement beaucoup rabattre de l’enthousiasme avec lequel les Allemands ont acclamé « le maître d’école vainqueur de Sadowa et de Wœrth ». Les hommes sensés reconnaissent aujourd’hui que l’excès des louanges avait un but intéressé. Néanmoins on ne peut méconnaître que l’instituteur allemand ait contribué, par ses leçons de patriotisme, et, il faut bien le dire, par ses excitations à la haine contre l’étranger, à préparer l’unité allemande.

Nos mœurs scolaires admettent difficilement dans un cours ces appels incessants à la haine contre l’ennemi héréditaire ; mais peut-être serait-il possible de faire vibrer plus souvent chez nos élèves la fibre patriotique. Écoutons ce qui disent les Allemands à ce sujet :

« L’école doit donner aux élèves une éducation patriotique, afin de rendre la patrie puissante contre ses ennemis du dedans et du dehors, par l’entretien d’un sentiment véritablement national… L’instituteur rempli d’un patriotisme ardent est seul en état d’éveiller et de cultiver chez ses élèves le sentiment allemand (das Deutschthum). L’enseignement de l’histoire est surtout propre à donner l’éducation patriotique. Il faut que l’enfant apprenne par l’histoire comment son pays a accompli les plus grands desseins, sous la direction de la divine Providence et par les vertus de ses ancêtres. Celui-là seul qui connaît l’histoire de son pays peut l’aimer et s’enflammer d’enthousiasme pour lui… — Le chant de morceaux patriotiques éveille également l’amour de la patrie ; la chanson allemande a toujours contribué à fortifier l’esprit national… » (Zerbat, 1881.) — « L’école primaire doit s’occuper de l’éducation nationale des élèves. Elle atteindra son but par l’enseignement de l’histoire, par les fêtes scolaires et la personnalité du maître. On profitera de la fête de Sa Majesté pour rappeler que c’est sous l’empereur que s’est établie l’unité de l’Allemagne… On fêtera le jour de Sedan, comme étant le jour de la naissance de l’empire allemand ; on le fêtera en souvenir de ceux qui sont tombés peur l’unité allemande et pour rappeler que l’empire a devant lui, dans la papauté, un second ennemi héréditaire (ein zweiter Erbfeind). » (Hasemann, inspecteur de district, Angerburg, 1882.)

On le voit, les Allemands ne nous ménagent pas. Il faut que tous les instituteurs français sachent bien que leurs collègues d’outre-Rhin ne perdent pas une occasion d’exciter leurs élèves contre la France. Les allusions faites dans les conférences ne sont rien auprès de ce qui se dit dans les écoles, où même de ce qui s’imprime dans certains journaux pédagogiques, sur la frivolité, la rapacité, le manque de bonne foi des Français.

E. Géographie. — Les Allemands, il est facile de le prévoir. recommandent de commencer l’enseignement de la géographie en