Page:Revue pédagogique, second semestre, 1885.djvu/467

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CORRESPONDANCE


Nous recevons la communication ci-dessous faisant suite à celle que nous avons publiée dans notre dernier numéro :

À la Rédaction de la Revue pédagogique.

Permettez-moi de vous offrir mes meilleurs remerciements pour le bon accueil fait par la Revue à ma précédente lettre sur l’utilité des cours d’adultes. Si vous le voulez bien, j’essaierai aujourd’hui de rechercher les causes de décadence de ces cours et les moyens de les relever.

Les cours d’adultes, si prospères il y a quinze ans, et qu’on dit avoir vécu, ont fondu peu à peu pour des causes multiples dont, à notre avis, les principales sont les suivantes :

En premier lieu, le désarroi général survenu en l’année terrible, où les classes du soir se virent remplacées par les feux de bivouac éclairant les visages des écoliers de l’année précédente. Dans les pays occupés par l’ennemi, les classes du jour même étaient fermées, et on songeait plus alors aux malheurs sans nom de la France qu’aux livres et aux cahiers. À la reprise des cours d’adultes, la clientèle se trouva en grand déficit ; car les morts, les blessés et les disparus ne comptaient plus, et le découragement était partout. Alors, on s’adressa aux grands élèves des classes du jour, lesquels furent ainsi transformés en adultes pour les besoins de la cause. Ce fut une nouvelle atteinte portée aux classes du soir. En effet, outre que l’institution perdait son caractère essentiel, les vrais adultes, les conscrits et leurs camarades, se voyaient confondus avec des écoliers de douze à quatorze ans, se trouvaient gênés, humiliés, et ne tardaient pas à disparaître un à un. S’ils avaient leurs noms inscrits sur les listes, leur personne était loin de l’école. Mieux eût valu se contenter des quelques adultes qui se présentaient, que de tenter l’essai d’un cours bâtard qui ne pouvait réussir. Mais on voulait offrir des listes assez complètes, on tenait surtout à maintenir ses droits à l’indemnité ; c’est pourquoi on crut devoir faire flèche de tout bois. Cette faute, dont les conséquences fatales ne tardèrent pas à ouvrir les yeux aux plus incrédules, ne fit qu’accélérer la décadence. Enfin, elle eut encore sa source dans le calme qui devait succéder à l’enthousiasme des beaux jours, et qui dégénéra en indifférence en présence des douleurs de la patrie. Si nous ajoutons à ces causes diverses la suppression forcée des grandes récompenses et des importantes solennités auxquelles elles donnaient lieu ; ensuite, la note pédagogique un peu surfaite pour les besoins de la statistique, et les résultats obtenus souvent exagérés, nous aurons marqué les points faibles qui devaient amener l’affaiblissement progressif des cours d’adultes.

Les causes du mal étant connues, il est facile de trouver le remède. Nous répéterons que les cours d’adultes sont nécessaires et doivent être réorganisés. Ils pourraient revivre, croyons-nous, avec les conditions que nous allons indiquer. Mais, au préalable, si nous nous