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REVUE PÉDAGOGIQUE

Cette considération n’a jamais retenu les partisans de la prédestination, pas plus Zwingli que ses successeurs. L’action divine, en effet, ne peut s’accomplir que par l’intermédiaire des moyens humains ; ainsi la foi naît à la lecture et la méditation de l’Écriture sainte. Comme nul ne peut déterminer quels sont ceux auxquels Dieu donne la foi et ceux auxquels il la refuse, il faut mettre l’Écriture sainte à la portée de tout le monde. C’est ’elle qui doit être la première institutrice de la jeunesse. Les élus de Dieu seuls en profiteront, sans doute ; mais tous doivent être mis à même d’y puiser les principes indispensables de la vie spirituelle. En même temps il faut leur faire connaître l’univers, c’est-à-dire les initier aux sciences naturelles et physiques, pour que la vue des œuvres divines les amène également à Dieu. Par cette double instruction les jeunes gens apprendront à reconnaître la Providence universelle, c’est-à-dire le gouvernement absolu et immuable de toutes choses par Dieu, et l’unité fondamentale sous la diversité des formes passagères. Ces connaissances leur feront estimer les vicissitudes de la vie à leur juste valeur et les porteront à ne rien désirer de contraire à la volonté de Dieu. La conscience de leur impuissance humaine, la confiance entière dans la bonté du Père céleste et dans le sacrifice régénérateur du Christ, achèveront d’en faire des créatures nouvelles, les enfants d’une nouvelle naissance spirituelle, pleins de force, d’énergie et d’activité, parce qu’ils se sentiront les organes de l’esprit de Dieu, des hommes de la justice, de la foi et de la miséricorde, parce qu’ils auront fait l’expérience de la valeur souveraine de ces attributs en Dieu.

Ainsi le principe même de la prédestination amène Zwingli à recommander aux jeunes gens la méditation des livres sacrés et l’étude de la nature. La seconde partie du traité, consacrée à la formation de l’esprit et du caractère, nous montre dès le début une autre conséquence non moins féconde du même principe. Les livres sacrés, où l’on croyait trouver la parole même de Dieu, sont écrits en grec et en hébreu. Pour les bien comprendre, il faut autant que possible les lire dans le texte original, afin d’échapper au danger, fort réel, des traductions altérées dans un but intéressé. L’étude des langues anciennes, de l’hébreu,