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REVUE PÉDAGOGIQUE

une seule femme, qu’il la choisisse digne de partager son existence, et que dès sa jeunesse il n’ait de rapports avec aucune autre. Mais l’influence de l’antiquité reparaît de nouveau dans la recommandation de s’exercer à la lutte, à laquelle l’auteur joint, dans la troisième partie, celle des exercices corporels. Sans doute, le chrétien ne devrait pas se battre ; mais l’exemple de David abattant Goliath prouve que Dieu lui-même arme parfois les mains de ses fidèles. Que l’on s’exerce donc au métier des armes, mais uniquement pour défendre {a patrie et ceux que Dieu ordonne de protéger. En fait d’exercices corporels, la course, le saut, le jeu de disque, la gymnastique, la lutte corps à corps, cette dernière avec modération, seront très utiles à la jeunesse. Il hésite à recommander la natation ; toutefois, quoique à regret, il l’admet « parce que le messager qui alla quérir Camille pour la délivrance de Rome passa le Tibre à la nage ».

Voilà un programme d’éducation qui prend déjà tournure : l’étude et la méditation de l’Écriture sainte, l’étude de la nature, l’étude des langues classiques, la réserve et la modération dans la conduite, l’apprentissage d’un métier ou d’une profession, les exercices corporels, tout cela forme un ensemble satisfaisant. Notre auteur va le compléter dans la troisième partie en énumérant les règles qui doivent guider le jeune homme dans la vie sociale. Ici encore, le modèle parfait est le Christ. Les jeunes gens devront, à son exemple, se consacrer à la justice et à la foi, être persévérants dans le dévouement. Seules les âmes malades aspirent à se faire une petite vie tranquille. Les esprits sains sont actifs. Mais qu’ils prennent bien garde de ne pas détourner à leur propre profit, ou pour la satisfaction de leur ambition personnelle, l’activité qui devait être consacrée au bien de tous. Qu’ils se sentent solidaires des malheurs comme des bonheurs du prochain, et qu’ils sachent supporter avec modération les épreuves publiques ou privées.

Nulle part le caractère foncièrement démocratique de la réforme zwinglienne n’éclate avec plus de clarté que dans ce passage qui mérite d’être cité : « Il (le jeune homme) considérera la chose publique à l’instar de sa propre maison et de sa propre famille ; bien plus, il y verra un corps unique, dont tous les membres se réjouissent ou s’affligent réciproquement, de telle sorte que