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ULRICH ZWINGLI

ce qui est arrivé à l’un soit arrivé à tous[1] ». C’est l’extension à la cité entière et à la patrie de l’idéal de solidarité et de fraternité de l’évangile que le moyen âge avait cherché à réaliser, en dehors de la société civile, dans la communauté monastique. L’importance accordée par Zwingli à l’État, à la communauté des citoyens, est l’un des traits les plus caractéristiques de sa réforme religieuse ; c’est aussi un des points où ce libre citoyen d’une petite république suisse du seizième siècle a été le plus en avance sur son temps, véritable précurseur de l’idéal démocratique moderne. Bien peu de personnes, en dehors de la Suisse allemande, s’en rendent compte, quoique son rôle historique ait été à et égard plus considérable qu’on ne le suppose, par suite de l’influence que ses principes d’organisation sociale exercèrent sur les premières communautés réformées, et, par elles, sur une grande partie du monde civilisé.

La fin du traité sur l’éducation des jeunes gens a une portée moins lointaine. L’auteur désire qu’ils prennent part aux réjouissances publiques ou aux fêtes de famille, du moins autant qu’elles sont convenables ; car il vaut mieux que l’amour du plaisir, puisqu’il faut lui donner un contentement quelconque, soit satisfait en public que dans des réunions secrètes ou en cachette. On peut d’ailleurs toujours rapporter quelque chose de bon des réunions publiques ; à défaut d’exemples à imiter, on y puisera l’horreur de la mauvaise conduite. Le respect des parents, même lorsqu’on est obligé de les quitter à cause de leur hostilité envers le Christ, la répression de la colère, l’arbitrage du magistrat en cas de violence ou d’injure au lieu de la vengeance immédiate, la conversation utile et bienfaisante, la véracité et la droiture dans le discours comme dans toute la manière d’être, font l’objet des dernières recommandations, Déjà nous avons parlé des exercices corporels. Îl reste encore la question des jeux. Sur ce point, le réformateur est très austère. Il ne permet d’autres jeux que ceux qui contribuent au développement de l’esprit ou du corps, tels que les jeux comportant un calcul, spécialement

  1. Rem etenim publicam unam veluti domum ac familiom existimabit, imo unum corpus in quo membra ita simul gaudent, moerent ac se mutuo juvant, ut quicquid uni acciderit omnibus acciderit. Œuvres, t. IV, p. 155, en bas.