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Nouvelle série. Tome XXI.
15 novembre 1892.
N° 11.

REVUE PÉDAGOGIQUE

UN SOUVENIR DES EXAMENS
DE LA VIEILLE SORBONNE
LE CARDINAL DE RETZ BOSSUET

(Communication lue dans la séance publique annuelle des cinq Académies du 25 octobre 1892.)

Il y a plus de six cents ans qu’on passe des examens à la Sorbonne. L’établissement à peine fondé, Robert Sorbon institua deux thèses spéciales à la Maison, appelées, l’une, de son nom, la Robertine, l’autre, du nom du Collège, la Sorbonique. Trois siècles après, Richelieu commençait la restauration de l’édifice par la salle des actes. Dans quelques semaines, lorsque la vieille Sorbonne sera définitivement livrée au marteau des démolisseurs, c’est dans les fondements de la salle des actes que nous retrouverons, scellée aux armes du cardinal, la première pierre.

À l’origine, dans l’Université naissante, rien n’était moins compliqué ni moins solennel que les épreuves en théologie. Elles étaient subies le plus souvent à huis clos, chez le chancelier de Notre-Dame ou chez son délégué, parfois dans la chambre du candidat, en quelques minutes, sur un texte connu à l’avance, et il paraît qu’il n’était pas impossible de se concilier, par avance aussi, la bienveillance du juge.

Ces procédés naïfs s’étaient perpétués dans certains examens, notamment dans les examens de droit, jusqu’au dix-septième siècle. Perrault, l’auteur du Petit Poucet et de Barbe Bleue, raconte, dans ses Mémoires, « qu’allant prendre ses licences en droit à Orléans avec deux camarades, il leur vint à l’esprit, à peine arrivés, de se faire recevoir. Ayant heurté à la porte des écoles, le soir, sur les dix heures, un valet qui vint nous parler à la fenêtre, ayant su ce que nous souhaitions, nous demanda si notre argent était prêt. Sur quoi ayant répondu que nous l’avions sur nous, il nous fit entrer et alla réveiller les docteurs qui vinrent, au nombre de trois,