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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/493

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VICTOR DURUY

Nous ne citerons pas les relèvements de traitement des instituteurs, des maîtres adjoints et des directeurs d’école normale, des inspecteurs primaires. Disons seulement que Victor Duruy, à la fin de l’année 1865, pouvait considérer comme une victoire la fixation à 440 francs du traitement des institutrices publiques. Mais nous rappellerons l’efficacité de son intervention auprès des communes, pour faire attribuer à tout instituteur un mobilier décent, d’une valeur de 600 francs. Il désire que la maison d’école soit, comme la cure, la maison modèle du village, qu’elle brille de cette propreté qui est le luxe du pauvre. Faisant un retour sur lui-même, ou regardant autour de lui, il s’indigne presque que les hauts fonctionnaires soient logés et meublés somptueusement, quand les humbles le sont si petitement. Il faut relire ses objurgations contre les municipalités parcimonieuses, qui se croyaient quittes envers l’instituteur quand elles lui avaient fourni quelques meubles boiteux acquis à prix réduit. Il proteste énergiquement et fréquemment contre les retards de trois, six et neuf mois apportés au paiement du traitement des instituteurs, et il met un terme à cet abus qui faisait peser sur toute la carrière de l’instituteur le poids des premières dettes.

Victor Duruy avait une si haute idée de l’instituteur, auquel il demandait un don complet de lui-même, qu’il s’ingéniait à lui procurer des ressources supplémentaires, pour lui assurer un surcroît de considération. « Le prêtre à l’autel, le professeur dans sa chaire, disait-il, ont une même tâche. » Il l’a dit, il l’a pensé, de l’instituteur plus encore que du professeur, parce que l’instituteur agit directement sur la masse de la nation, qui est notre grande réserve d’intelligence et de force. On sait la part prise par les instituteurs à l’enseignement des adultes : dans un de ses plus beaux discours, celui qu’il adressait aux Sociétés savantes, le 18 avril 1868, Victor Duruy félicita les membres des trois enseignements dont le dévouement avait attiré sur les bancs des écoles du soir près d’un million d’hommes ; mais ses félicitations furent particulièrement cordiales à l’adresse des instituteurs : ils avaient été les principaux instigateurs de cet admirable mouvement qui était parti d’en bas, « comme la sève qui monte dans les grands chênes » ; ils avaient été les plus nombreux, les plus ardents dans cette croisade contre l’ignorance. Et à l’Exposition universelle de 1867,