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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/494

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REVUE PÉDAGOGIQUE

quand le jury international du dixième groupe, que présidait Liebig, vota une médaille d’or aux instituteurs de France, aucune récompense n’alla plus droit au cœur du ministre.

Victor Duruy ne voulait pas seulement que l’instruction populaire eût un caractère national, parce qu’elle profite à la communauté comme tous les grands services publics, il voulait qu’elle eût un caractère pratique, à l’école primaire comme à l’école normale, qu’elle fût appropriée aux besoins locaux et dirigée en vue des applications industrielles, commerciales ou agricoles. Il faut un jardin attenant à chaque école primaire et un vaste terrain auprès de chaque école normale ; il faut enseigner le chant dans tes écoles primaires, le chant et la musique dans les écoles normales ; il faut exercer les normaliens à la reliure et au cartonnage ; il faut surtout fortifier l’enseignement dans les écoles normales, en changeant les méthodes et particulièrement celle de l’enseignement du français et de l’enseignement de l’histoire. Dans le cours de français, que l’on évite les abstractions et les subtilités ; dans le cours d’histoire, que l’on aille droit aux grands hommes et aux grands événements. Surtout que l’on donne à ce dernier cours, en troisième année, deux conclusions : l’une sera le tableau de notre constitution politique, parce que les hommes chargés de l’éducation du peuple doivent connaître les institutions qui nous régissent ; l’autre sera l’exposé de notre organisation économique, parce que les maîtres de l’enfance doivent lui apprendre que la loi du travail domine la société, que l’esprit d’ordre la conserve, et que l’esprit de bienfaisance l’honore.

Avons-nous besoin d’ajouter que dans les écoles normales, où l’enseignement est donné avec cette hauteur de vues, la discipline est moins étroite, que les élèves de troisième année partagent la surveillance avec les maîtres, que les pratiques de liberté prudemment introduites donnent à tous le sentiment de la responsabilité, que l’école devient un sérieux apprentissage de la vie ? Nous n’avons qu’à citer, en suivant l’ordre chronologique, les mesures édictées ou les conseils prodigués, pour justifier le titre de précurseur que nous avons donné à Victor Duruy.

Le ministre de l’Empire a conçu tout ce que les ministres de la République ont exécuté. Il encourage la fondation des bibliothèques scolaires et populaires, cette précieuse ressource contre