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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/495

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VICTOR DURUY

l’ennui, la paresse et les distractions mauvaises ; il crée pour les adultes qui n’auront pas laissé « se rouiller entre leurs mains, comme il arrive trop souvent, l’instrument reçu à l’école primaire », des prix cantonaux, des prix d’arrondissement et un prix départemental : le prix de l’empereur ; il centralise à l’Observatoire de Paris les observations météorologiques faites par soixante-dix écoles normales d’instituteurs. Sur toute la surface de la France, il autorise l’admission gratuite des sourds-muets dans les écoles primaires, et il indique, avec une pitié attendrie, les meilleurs moyens de faire leur éducation ; il réglemente, le 3 juillet 1866, les examens du brevet de capacité ; le 20 août de la même année, il invite les recteurs à généraliser l’usage du certificat d’études primaires ; le 25 septembre suivant, il prescrit de couper les classes de trois heures par un repos d’un quart d’heure dans les écoles primaires communales.

Dans la longue et remarquable instruction du 12 mai 1867, sur l’application de la loi du 10 avril, il recommande instamment aux préfets l’institution de la caisse des écoles ; il montre comment, en confiant immédiatement à des femmes la surveillance des travaux à l’aiguille dans les écoles mixtes, on restreint les inconvénients de la coéducation, et surtout il prescrit à ses correspondants, trop partisans de la centralisation, de ne pas donner la même physionomie à toutes les écoles, de ne pas les soumettre toutes aux mêmes règles. Il marque excellemment la distinction entre les salles d’asile et les écoles primaires ; il montre le danger qu’il y aurait à détourner les salles d’asile de leur destination, à fatiguer et à appauvrir l’intelligence des enfants en leur imposant des efforts prématurés ; le danger, non moins grave, qui consisterait à admettre à l’école des enfants trop jeunes, qui s’y étioleraient, en assistant pendant de longues heures à des leçons inintelligibles, et seraient privés des heures de repos si nécessaire à leur âge. « Les enfants, nous écrivait-il dans une lettre particulière, sont des oiseaux à qui il faut de l’espace, de l’air et du soleil. »

Dans le beau volume publié par Delalain et qui porte ce titre : L’administration de l’Instruction publique de 1863 à 1869, Victor Duruy a résumé, comme il savait le faire, en traits d’un relief vigoureux, l’œuvre qu’il a accomplie ou qu’il a tentée en matière d’enseignement primaire. Quel était son but en multipliant les écoles,