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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/496

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REVUE PÉDAGOGIQUE

en en mettant dans les hameaux les plus reculés et en y attirant tous les enfants du pays par la contrainte morale de la persuasion et de l’exemple, à défaut de l’obligation ? quel, en assurant la gratuité de l’école aux indigents des campagnes comme à ceux des villes, et en garantissant à tous ceux qui en ont besoin le dégrèvement de l’impôt scolaire ? quel, en réparant par la classe du soir la faute de la famille ou l’erreur du passé ? quel, en fortifiant par l’emploi de meilleures méthodes l’enseignement des écoles normales, de façon à faire des douze cents maîtres qui en sortent chaque année autant d’agents du progrès ? quel enfin, en assurant le présent et l’avenir des institutrices et des instituteurs, en les honorant à leurs propres yeux et à ceux de leurs concitoyens ? Son but, il l’a indiqué lui-même dans toutes ses instructions, dans toutes ses circulaires, dans tous ses discours. Toutes ses réformes, il les a considérées comme une conséquence logique, naturelle de notre organisation politique et sociale. Il lui a semblé qu’après avoir proclamé la souveraineté du peuple, mis le suffrage universel dans la constitution, la libre concurrence dans l’industrie, et la discussion des problèmes sociaux dans l’atelier, on avait le devoir étroit, pour sauvegarder à la fois le travail national, l’ordre et la liberté, d’étendre par tous les moyens l’instruction et l’intelligence de classes laborieuses. Il a fait de l’éducation du suffrage universel le principe même de ses actes pédagogiques et la règle de toute sa conduite politique.

La dernière pièce du volume publié chez Delalain est une comparaison fort instructive entre les budgets de 1864 et de 1870. Victor Duruy signale avec fierté une augmentation de dépense de 45 %, presque de moitié. Nous n’entrerons pas dans le détail de cette augmentation : les chiffres de 1870 nous paraîtraient aujourd’hui ridiculement mesquins ; mais nous avons tenu à dire que Victor Duruy avait donné le signal de ces augmentations progressives du budget de l’enseignement national, qui ne pourraient s’arrêter ou rester stationnaires qu’au détriment de la grandeur morale de la France, de son progrès scientifique et de la paix sociale.

Il nous reste à recueillir dans les 900 pages de ce volume, simple recueil d’actes et de discours, destiné à tenir une si grande place parmi les ouvrages qui garderont la mémoire de Victor Duruy, les