tifique provoqué en quelques années par Lagrange, Laplace, Monge, etc.
Mais de cette étude sur Comte, nous ne voulons retenir qu’une question qui, à l’heure actuelle, passionne l’opinion. On sait la campagne menée du point de vue, non pas religieux, mais clérical, contre la science. M. Brunetière a parlé de la faillite de la science et il apprécie sévèrement la doctrine de Comte, peut-être sans l’avoir étudiée d’assez près.
Or, Aug. Comte a vu, plus clairement qu’aucun autre philosophe, que toute affirmation scientifique est l’affirmation d’un rapport entre deux faits, et que tout rapport étant une découverte d’ordre intellectuel, la science est le triomphe constant de l’esprit sur la matière et comme « l’intellectualisation » de la matière. Sa classification des sciences est une vue de génie, précisément parce qu’il renonce à en chercher les éléments dans l’objet ou dans le sujet, et qu’il la fonde sur les rapports de dépendance des sciences entre elles.
En outre, il affirme que « la suprématie scientifique, la présidence philosophique, l’universelle domination » appartient à la sociologie et à la morale. Il a, de plus, prouvé avec une grande force que ce sont les idées qui mènent le monde. Il écrit : « La légitime suprématie sociale n’appartient ni à la force, ni à la raison, mais à la morale, dominant également les actions de l’une et les conseils de l’autre. » Et plus loin : « Le type de l’évolution humaine, individuelle et collective, consiste dans l’ascendant croissant de notre humanité sur notre animalité, d’après la double suprématie de l’intelligence sur les penchants et de l’instinct sympathique sur l’instinct personnel ; ainsi ressort directement, de l’ensemble du développement spéculatif, l’universelle domination de la morale. » Et il ajoute ailleurs : « Loin de compter sur l’appui des athées actuels, le positivisme doit y trouver des adversaires naturels[1]. »
M. Bertrand relève avec raison l’injustice des critiques qu’on adresse au positivisme et il cite le passage si impartial que M. Ravaisson a consacré à Comte dans son célèbre Rapport :
« Comte ne comprit pas seulement que la matière n’explique
- ↑ Discours sur l’ensemble du positivisme, 1re partie.