Page:Revue pédagogique, second semestre, 1906.djvu/236

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tinet et des verges, dans l’application de la fessée, beaucoup de discrétion, de prudence, et de douceur, mais déjà antérieurement la discipline de M. de La Salle se distinguait par cette modération humaine. — Les titres d’honneurs et les dignités accordées aux bons élèves semblent aussi empruntés, et presque textuellement, à l’éminent éducateur de Reims.

Grâce à cette imitation avisée d’une pédagogie que le succès consacrait, — on sait que, malgré les chicanes et les persécutions, la fondation de J.-B. de La Salle grandissait durant ces années, — les « frères Tabourin » se développèrent eux aussi, dans une moins large mesure, notable encore pourtant. À la veille de la Révolution, il y avait, nous apprend M. Gazier (p. 29-30), outre les deux écoles de la maison mère de la rue de Lappe, cinq écoles dans le faubourg Saint-Antoine, quatre sur la paroisse Saint-Merry, deux sur Saint-Louis-en-l’Île, trois sur Saint-Séverin. Il y avait peut-être encore des écoles Tabourin à Orléans, à Eu, à Soissons, dans la banlieue de Rouen ; il y en avait sûrement, et six, à Auxerre, où un foyer actif de vie janséniste persistait. Le nombre des écoliers était alors de six ou sept mille ; celui des maîtres d’environ soixante. Louis Renaud, l’un des derniers frères avant la Révolution et qui se fit, en 1804, l’historien de ces Écoles, vante leur popularité dans le public et leur bon renom auprès des autorités civiles : « M. Hérault, lieutenant de police, disait que la police du faubourg Saint-Antoine lui coûtait 3000 fr. de moins par an qu’à ses prédécesseurs et qu’il n’en voyait pas d’autre raison que ces écoles ».

La Révolution n’atteignit qu’en avril 1794 une institution, enracinée, on le voit, à Paris par quatre-vingts ans d’une existence discrète et utile. Dès 1802 ou 1803, avec le réveil religieux du Consulat, les Écoles Tabourin ressuscitèrent. Reconstituée dès cette date, grâce aux soins et aux contributions financières de deux jansénistes, Laideguive et Camet de La Bonnardière, la communauté enseignante du faubourg Saint-Antoine se réorganisa, d’une façon définitive, en 1811, — sur la montagne