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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1911.djvu/524

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REVUE PÉDAGOGIQUE

endormir par leur chant, à comprendre l’anglais avec une sûreté rare,

Il n’était ni philologue, ni grammairien. Ce n’est pas à dire qu’il méprisât ces spécialistes. Si parfois il les traita lestement, c’étaient là pures boutades. Du jour où il eut connu les joies, les fiertés de la production poétique, ne plaignit-il pas le critique littéraire ? Mais il était assez avisé pour reconnaître les services que rendent ces auxiliaires précieux. Autrement, pourquoi aurait-il eu dans sa bibliothèque et mis dans notre magasin d’instruments de travail une phonétique, entre autres l’Histoire des sons anglais de Sweet ? Il avait constaté par expérience que dans maint passage de Chaucer, et phonétique et grammaire peuvent seules renseigner précisément sur l’identité d’un mot. Ce n’étaient pas là des questions que, dans son souci de précision, il était capable d’éluder. Arrêté par une difficulté de cet ordre il sut parfaitement dresser un plan d’enquête pour la résoudre. On peut être sûr que, s’il avait lui-même entrepris une traduction de Chaucer, il aurait lui-même fait toutes les recherches, toutes les études imposées par ce travail, sans se laisser rebuter par aucune des aridités de°la matière. Aurait-il pu, sans ce scrupule minutieux, traduire le dialecte écossais de Burns avec une telle exactitude que des concitoyens fervents du poète, y croyant découvrir quelques contresens, ont dû reconnaître ensuite que c’étaient eux qui les commettaient. Et pourtant Angellier grammairien semble à beaucoup une invraisemblance. J’étonnerais ces incrédules en leur mettant sous les yeux une lettre de six pages, datée du Lavandou, où, sur une question de grammaire historique, sur laquelle j’avais voulu avoir son avis toujours précieux, il montre, tout en déclarant que ce sont là, selon son expression, « des régions qu’il n’a pas fréquentées », qu’il est capable, non seulement de s’y plaire, mais de s’y guider avec beaucoup de flair et infiniment de méthode. Cet esprit de méthode d’ailleurs n’est-il pas le résultat reconnu et proclamé de la vraie culture ?

On parle aujourd’hui de laboratoires, d’ateliers. Le cours d’Angellier était un atelier où, entre autres choses, nous apprenions à manier ces instruments essentiels à nos études, les dictionnaires. Le Murray était en constante réquisition. Il s’agissait