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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1915.djvu/56

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REVUE PÉDAGOGIQUE

fonds de solidarité qui, dans notre pensée, doit donner un nouvel essor à la mutualité scolaire ?

Il y aura tantôt dix-sept ans que j’ai fondé à Reims l'Œuvre des voyages scolaires, et, dès la première année, nous avons tenu, mes excellents collaborateurs et moi, à inciter les enfants du pays rémois, mutualistes ou non, à prélever sur leurs menus plaisirs un décime par mois scolaire, ou par trimestre, ou même par an, au profit de leurs camarades pauvres et chétifs.

Depuis cette époque, l’œuvre a encaissé annuellement de 5 à 600 francs, ce qui lui a permis de procurer un bienfaisant séjour de trois semaines au bord de la mer à cent trente enfants particulièrement dignes d’intérêt.

En instituant ce décime des colonies de vacances ou mieux ce décime de bonté, nous avons voulu faire une application concrète, vivante de nos leçons de morale sur la solidarité, initier l’enfant dès l’école à la pratique du devoir social et faire appel à sa sensibilité afin de le rendre meilleur par l’amour.

Qu’on ne dise pas que les souscriptions sont interdites, à bon droit d’ailleurs, dans les écoles publiques. En l’espèce, il ne s’agit pas de souscriptions, mais bien d’une manifestation volontaire à laquelle tous peuvent s’associer et qui tend à transformer l’égoïsme naturel chez l’enfant en esprit de solidarité, à faire de lui un être capable de trouver son contentement dans le bien qu’il fait aux autres.

C’est dans le mème ordre d’idées que nous avons cru bon de provoquer également des élèves jugés dignes du certificat d’études primaires, une offrande destinée à procurer santé et bonheur à quelques écoliers ou écolières affaiblis par la maladie ou les privations. Nous engageons les candidats heureux à songer dans la joie de leur succès à tout ce qu’ils doivent à la Patrie et nous cherchons à les associer directement à une bonne action susceptible de toucher particulièrement leurs jeunes cœurs.

Une fois les ressources réunies, il faut savoir au profit de qui elles seront utilisées. Comment choisir les colons mutualistes pour éviter l’injustice et l’arbitraire ?