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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/526

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bile, ou mieux, l’éther cosmique d’Aristote. Il agissait aux confins de l’univers, sur le ciel des étoiles fixes, mais les phénomènes du monde terrestre dépendaient des lois naturelles et du mouvement des astres. Le monopsychisme, issu de la théorie aristotélicienne du νοῦς ποιητιϰός, supprimait l’immortalité individuelle de l’âme. L’intellect actif, unique pour tous les hommes, était considéré comme une sorte d’âme ou de raison universelle, objective et impersonnelle, qui éclaire tout homme venant en ce monde et pour laquelle tout est intelligible : telle avait été l’interprétation de la plupart des commentateurs grecs, d’Alexandre d’Aphrodisias, de Themistius, de Philopon. Les Arabes l’adoptèrent.

Les découvertes qu’ils passent pour avoir faites dans le domaine des sciences naturelles, en astronomie et dans les mathématiques comme en médecine, avaient également été préparées par les Grecs. C’est grâce à ces instituteurs païens qu’ils purent s’élever à la notion de l’uniformité des lois et. du cours régulier de la nature, et cela en un temps où, comme aux époques mythologiques, les chrétiens de l’Occident croyaient tout possible dans un monde livré à l’arbitraire d’une divinité capricieuse. La seule autorité spirituelle reconnue en fait par les philosophes arabes était Aristote. Malgré leurs résultats empiriques, l’alchimie et l’astrologie, d’où devaient naître la chimie et l’astronomie, étaient toujours subordonnées aux théories à priori du Stagirite. Enfin, dans ces écoles fameuses du mont Cassin, de Salerne, de Naples, d’où sont sorties toutes les écoles de médecine de l’Occident, leurs véritables maîtres étaient Hippocrate et Galien. À Salerne même les traditions médicales étaient plus anciennes que la présence des Arabes. L’Italie méridionale et la Sicile, contrées où règnent aujourd’hui l’ignorance et les superstitions, et qui, sous Frédéric II et sous les Arabes ont été le berceau de la libre pensée et de la tolérance, n’avaient jamais cessé d’être des pays grecs.

Chez les chrétiens d’Occident, c’est aussi Aristote qui est salué maître et docteur, mais si l’on considère de près les débats sans fin et toute la poussière que les écolâtres ont soulevée autour de l’œuvre et des idées de ce grand nom, depuis les Catégories et l’Introduction de Porphyre jusqu’à l’époque où, par les traductions de l’arabe et du grec, ils possédèrent toute l’encyclopédie aristotélicienne, si l’on va au fond de cette fameuse question des universaux, on s’aperçoit que c’est la conception platonicienne des notions de genre et d’espèce qui domine d’abord sans conteste, et qui, à la fin du moyen âge, l’emporte encore comme orthodoxe. Qu’est-ce que l’opposition de la forme et de la matière, sinon la même question des universaux sous d’autres noms, la forme ne pouvant être conçue que comme un