Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/691

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
681
ANALYSESpreyer. — Elemente der Empfindungslehre.

nous y arrêter prochainement. Le public français est à même maintenant d’avoir un avis dans la polémique passionnée qui s’est engagée récemment autour du nom de Dühring et de juger le décret, qui l’a exclu sommairement de l’université de Berlin.

Nolen.




W. Preyer. — Elemente der reinen Empfindungslehre (Iena, Dufft, 91 pages). Éléments de la science de la sensation pure, tel est le titre du nouveau travail dû à la plume active du savant professeur d’Iéna et ayant pour objet une espèce d’algorithmie de la sensation. L’auteur — il ne le cache du reste pas — a voulu appliquer à cet ordre de phénomènes les idées développées par M. Grassmann dans un volume aujourd’hui introuvable sur la science de l’étendue (die Wissenschaft der extensiven Grösse, Leipzig, 1844, xxxii et 279 pages). Il a subi aussi l’influence des idées du logicien anglais Hamilton.

Dans toute perception il faut, d’après lui, distinguer la sensation, l’espace, le temps et la cause, car la sensation est localisée, rapportée à un certain instant et à une certaine cause (extérieure). Si l’on fait abstraction des trois derniers éléments, il reste la sensation pure, dont les facteurs sont au nombre de deux, l’intensité (la quantité) et la qualité. Ainsi une sensation quelconque — de lumière, de son, de pression, etc. — peut être plus ou moins forte, exemples : le noir, le gris et le blanc ; le silence et le vacarme ; une pression légère, moyenne, considérable ; etc. Et il existe, en général, une intensité qui tient le milieu entre les deux excès dans un sens ou dans l’autre. Mais toute sensation a en outre une qualité ; ainsi la couleur est la qualité de la lumière, la hauteur celle du son, etc. ; et il existe de même une qualité moyenne : le vert pour la couleur, une octave donnée pour la série des gammes, etc.

Ces points établis, on peut convenir d’affecter certains signes à la représentation de l’intensité et de la qualité ainsi que des changements qui se font chez l’une et chez l’autre. Plusieurs règles analogues à celles des opérations élémentaires de l’algèbre résultent des conventions adoptées ; en voici un exemple : On peut intervertir des termes ou des facteurs sous certaines conditions.

L’intensité et la qualité varient indépendamment l'une de l’autre, et leur réunion donne la sensation. Celle-ci est donc un quantum à deux dimensions, et, par conséquent, le champ des sensations est comparable à une surface. Supposons, en effet, tracés sur un plan deux axes rectangulaires sur l’un desquels se compte la qualité et sur l’autre l’intensité ; chaque point de ce plan désignera une sensation différente dont la qualité et l’intensité seront exprimées par les ordonnées de ce point. De sorte que, en dernière analyse, la formule générale de toute sensation est : ± m | ± n Q, les coefficients m et n indiquant la grandeur des ordonnées, les signes + ou − les directions dans les-