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wundt. — sur la théorie des signes locaux

dans le monde extérieur. » En général, il ne s’agit pas de peser laquelle de ces possibilités paraît la plus possible, ou au contraire. Nous ne savons rien du tout à priori sur la mesure dans laquelle les sensations ou l’âme concourent à l’aperception de l’espace, et conséquemment il ne nous reste qu’à rechercher quels éléments l’expérience nous signale comme agissants, et puis à méditer comment nous pourrons donner en théorie aux influences constatées par l’expérience l’expression la plus simple et la plus convenable.

On voudra bien me permettre de faire un peu mieux saisir l’hypothèse des signes locaux complexes dont j’ai fait usage dans ce but, à l’aide d’une expression symbolique aussi simple que possible. J’espère pouvoir faire valoir en même temps quelques points que j’ai dû négliger ci-dessus en exposant l’hypothèse. Nous considérons le premier système des signes locaux comme fixé dans la rétine. Si nous imaginons à présent des cercles concentriques tirés sur la rétine ayant le même centre que la rétine, nous pourrons désigner les signes locaux d’une série de points sur un premier cercle par … ; sur un second cercle par , et ainsi de suite. Cela suppose une transformation constante aussi bien de en , que de , en et ainsi de suite, en sorte que la totalité des signes locaux forme un continu à deux dimensions analogue au système des couleurs. Quant au second système de signes locaux, nous admettons qu’il est lié au mouvement, et conséquemment qu’il n’a de valeur pour l’œil au repos qu’en qualité d’élément reproductif. Nous supposons de plus que ce système ne change que dans une seule direction, en ce sens qu’au mouvement du centre de la rétine vers un point quelconque appartenant à la série … corresponde un signe constant , à la série … une constante , et ainsi de suite. Les signes locaux du second système formeront donc un continu d’une dimension. Or, l’un et l’autre système sont rapportés au centre rétinien qui, pourra posséder les signes locaux et , ce qui permet d’entendre par la sensation de tension qui répond à chaque position donnée de l’œil.

Si, pendant que l’œil est fixé dans une position quelconque, il se produit une impression lumineuse uniforme , répandue sur la rétine, par supposition, s’il n’existait pas un système complexe de signes locaux, cette impression provoquerait une sensation uniforme , qui ne pourrait être ni localisée ni présentée sous une forme extensive. Mais, en vertu des systèmes de signes locaux, la sensation devient pour chaque point de la rétine un produit complexe de trois éléments. Au centre de la rétine correspond le produit  ; et, autour du centre de la rétine, les produits …,