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dastre. — le problème physiologique de la vie

M. Chauffard s’expose gratuitement aux risques de l’erreur, et il compromet la science plus qu’il ne la sert.


Il s’agit maintenant de faire un nouveau pas. Nous avons, avec M. Chauffard, creusé un abîme entre les phénomènes de la vie et les phénomènes de la nature inanimée. Une seconde difficulté se présente. Bornant toute considération à l’homme, il s’agit de décider s’il y a une seconde distinction à établir essentiellement entre les faits psychiques et les faits vitaux. En d’autres termes, l’activité humaine s’alimente-t-elle à des sources différentes, suivant qu’elle est manifestée dans la sphère de l’intelligence et dans la sphère de la vie, ou tout au contraire procède-t-elle d’une source unique ? Y a-t-il unité ou dualité dans l’homme ? La vie et l’âme se séparent-elles ou se confondent-elles dans leur essence et leurs attributs ?

C’est pour répondre a cette interrogation qu’ont été imaginés les systèmes animiste et vitaliste. Voilà leur objet principal, et les mille accessoires qui masquent et compliquent l’idée maîtresse ne doivent pas nous tromper. La préoccupation qui les a suscités était moins d’expliquer les mouvements vitaux que d’éclairer les rapports de la cause vitale avec les mouvements de la pensée et avec l’âme, cause de ces mouvements. On est vitaliste, si l’on sépare absolument l’ordre psychique de l’ordre vital ; on est animiste, ou plutôt uniciste, si on les rapporte à la même cause. Sans doute le vitalisme et l’animisme contiennent bien d’autres idées que celles de la distinction ou de la confusion essentielle des faits vitaux et des faits psychiques ; mais, comme nous l’avons dit, celle-ci est décisive et cruciale.

Entre ces deux doctrines adverses, M. Chauffard n’hésite pas un instant : il repousse le vitalisme ; il croit à l’unité essentielle des phénomènes de la vie et de la pensée : il est uniciste.

Il y a, dans l’animisme comme dans la doctrine adverse du vitalisme, deux notions, d’inégale importance. La notion maîtresse, support de toutes les autres parties, celle qui reste entière et permanente à travers les variations du détail, c’est celle de l’unité essentielle des phénomènes manifestés dans l’homme : c’est l’affirmation que ces phénomènes, si hétérogènes qu’ils paraissent, relèvent d’un principe d’activité unique, indécomposable, indivisible. Nous donnons le nom d’unicisme à cette doctrine, qui est comme la pierre angulaire de l’animisme. C’est la seule partie de la conception stahlienne que M. Chauffard adopte et défende.

Quant au vitalisme, il le repousse dans toutes ses parties. Cette doctrine renferme deux notions : la première est celle de la sépa-