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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/652

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succéda le déisme en Angleterre et le rationalisme en Allemagne. Plus tard naquit la religion du sentiment de Schleiermacher, le panthéisme de Schelling, le pessimisme de Schopenhauer ; enfin, le matérialisme, la libre pensée absolue, l’athéisme. Il se produisit aussi l’indifférence à toute pratique religieuse qui gagna bientôt toutes les classes. L’Église grecque et, par contre, l’Islamisme sont restés en dehors de ce mouvement, résultat de leur isolement du courant scientifique.

À cet égard, l’auteur paraît ignorer que l’Église Gréco-Russe est travaillée par des sectes de toutes espèces, notamment par les Nihilistes.

Kirchmann pose en terminant la question à laquelle tant de personnes ont répondu si différemment. — La religion disparaîtra-t-elle ? Par quoi la remplacer ? Il résout négativement la première question. Cette lutte, dont nous venons de parler, durera toujours avec les mêmes péripéties, sans triomphe définitif d’un côté ni de l’autre. En effet, en sa qualité de réaliste, jusqu’à ce qu’une religion ait disparu, il n’a pas de raison de conclure à la probabilité de cet événement.

Il répond à la seconde en niant la possibilité d’établir la philosophie sur les ruines de la religion, à cause des incertitudes, des contradictions des systèmes ; et il termine en énumérant les avantages de la religion qui influe sur le cœur, sur les actions des hommes et répond à des questions non résolues par la philosophie. Enfin, il entre dans des appréciations politico-sociales qui paraissent motiver son opinion sur la nécessité d’une Église.

J. W. Hay.


Ch. Secrétan : Discours laïques. Paris, 1877. 1 vol. in-8. Sandoz et Fischbacher.

M. Ch. Secrétan est, sans contredit, un des métaphysiciens les plus éminents de notre siècle. Pourtant, malgré des mérites supérieurs qui le recommandaient à l’attention de tous les philosophes, il a été plus de vingt-cinq ans à parvenir, en France, à la notoriété qui lui était due dès ses premiers ouvrages. Le public français était mal préparé à recevoir sa Philosophie de la liberté, quand elle parut ; aussi passât-elle presque inaperçue et fallut-il la réaction de ces dernières années et un heureux hasard, pour amener à vivre tout bas avec elle quelques-uns de nos jeunes philosophes, qui trouvèrent plus d’un mécompte à la fin d’un système dont les débuts avaient pu leur paraître le dernier mot de la sagesse.

M. Ch. Secrétan procède de Kant. Il accepte les enseignements de la Critique de la. Raison pure. La détermination de l’absolu n’est pas affaire de science ; celle-ci est à tout jamais confinée, par essence, dans l’ordre relatif des phénomènes ; ce qui est au delà lui échappe. Pour