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périodiques.The journal of spéculative philosophy.

l’impossibilité de former des idées abstraites, d’avoir la conscience de soi-même, de se former la notion de signe, d’avoir un langage. Tous ces faits, séparément ou ensemble, expliquent les différences observées ; cependant ils n’en donnent pas le pourquoi. L’auteur croit que toutes les différences peuvent se ramener à une seule, qu’il se propose de déterminer.

Commençons par nous faire une idée claire de ce qu’est la pensée chez l’homme. Deux sortes d’esprits : ceux chez qui les idées s’associent par contiguïté (esprits secs, prosaïques), ceux chez qui l’association a lieu par ressemblance (esprits imaginatifs, ingénieux). L’auteur montre par une analyse détaillée que l’association par ressemblance n’est finalement qu’un côté de l’association par contiguïté. — Après avoir étudié le mécanisme de l’association, il se demande ce qu’est la pensée raisonnée. Elle consiste à trouver une représentation intermédiaire entre deux données A et Z, telle qu’on puisse établir entre ces deux dernières une liaison évidente. La différence essentielle entre la pensée empirique et la pensée raisonnée, c’est que la première associe simplement les phénomènes dans leur entier, tandis que la seconde les associe par certaines parties seulement, par des extraits dont elle fait un usage conscient. Ces extraits sont plus simples que les concrets, parce qu’ils sont plus généraux et que par conséquent ils représentent un plus grand nombre de cas donnés à nous dans l’expérience, et que par conséquent ils nous sont plus familiers. Raisonner, c’est donc extraire les caractères bons à nous conduire à notre conclusion. Il résulte de là, dit l’auteur, que le véritable procédé de l’expérience, que la véritable éducation de l’esprit consiste non en une association, mais en une dissociation. L’auteur propose de donner à cet important processus de l’esprit le nom de loi de dissociation par variation concomitante. Quelle est la cause de ce processus ? quelle est la cause qui amène l’animal à dissocier : ce sont ses intérêts esthétiques ou pratiques : par suite, moins ces intérêts seront nombreux, moins l’animal dissociera de caractères.

L’auteur, passant ensuite à son sujet proprement dit, soutient que toutes les histoires les plus frappantes sur la sagacité animale sont explicables par la seule association par contiguïté, fondée sur l’expérience. Il cite plusieurs anecdotes assez curieuses qu’il interprète dans ce sens.

Le langage, cette différence si importante entre l’homme et l’animal, dérive de la même source, de la dissociation d’une représentation en ses éléments. L’animal, à la vérité, use des signes ; mais, d’après l’auteur, il ne les emploie pas en vertu d’un principe général, d’un dessein arrêté.

L’article se termine par des considérations sur les esprits analytiques et les esprits intuitifs.

Le reste de la Revue est consacré à des traductions : Hegel, Sur l’art classique. — La Science de l’éducation, d’après Rosenkranz. — Fichte, Critique de Schelling.