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souvenir (1re part., p. 97-307) ; pour le second, j’invoque l’autorité de Herbart, qui emploie le progressus in infinitum à détruire dialectiquement le concept du moi.

Quant à avoir confondu ou employé comme synonymes la sensation et le sentiment, je le conteste absolument. Tout au plus cela a pu avoir lieu pour l’impression, comme degré inférieur de l’affection psychique, qui certes n’est pas autre chose qu’un sentiment. Mais les activités de la perception, de la représentation de la connaissance, je les distingue, comme tout autre homme sensé, avec une netteté suffisante, du sentiment, quoique je cherche à les faire dériver du sentiment et des activités réflexes qui le suivent. Je ne comprends pas comment on peut me reprocher des amphibologie et des obscurités.

Certes, si M. Reinach désigne ma théorie de la coïncidence comme « une simple paraphrase du cogito ergo sum », je suis obligé de reconnaître que je lui suis resté énigmatique. Mais, s’il veut me rendre son complice pour cette méprise et pour d’autres, je suis obligé de décliner l’honneur de sa compagnie, dont je serais très-flatté en d’autres circonstances.

A. Horwicz.
Magdebourg. Novembre 1878.

Monsieur et cher Directeur,

J’ai horreur de la polémique, et j’ai conscience de n’avoir ni recherché ni justifié celle que M. Horwicz engage avec moi. Ne pouvant laisser sans réplique ses « protestations », je m’efforcerai d’être le plus bref possible.

D’abord je ne suivrai pas mon honorable contradicteur dans la discussion des points de doctrine. Ainsi le raisonnement appelé progressus ad infinitum me paraît, malgré Herbart, un sophisme ; M. Horwicz le trouve excellent ; de même M. Horwicz persiste à revendiquer la paternité de la « théorie de la coïncidence » ; je crois que c’est un infans vulgo conceptus : tout cela prouve seulement qu’on peut différer d’avis en philosophie.

Restent les critiques d’une nature plus générale. Je les rangerai sous quatre chefs : obscurité, répétitions, suffisance, insuffisance.

1o L’obscurité. — Sur ce point, M. Horwicz passe condamnation. Il est vrai qu’il se console en songeant que depuis Héraclite, surnommé σϰοτεινός, ce reproche a été souvent adressé aux philosophes. Mais Socrate, Epicure, Descartes, Schopenhauer s’exprimaient d’une façon très-claire, ce qui n’a pas, que je sache, nui à leur réputation. Au surplus, on peut se tromper en fort bonne compagnie et de la meilleure foi du monde.

2o Les répétitions. — À de pareilles « insinuations », M. Horwicz op-