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espinas. — philosophie expérimentale ex italie

fonctions et les organes) dans leur développement corrélatif. Cela est clair ; mais est-ce là une doctrine intermédiaire, et l’auteur se tient-il à la direction entre-deux qu’il a promis de suivre ? Il nous persuadera difficilement que, en adoptant les conclusions précédentes dans l’esprit même où Spencer les admet, il reste à égale distance du spiritualisme et du matérialisme. Au point où en est la critique de, la sensation, alors que le caractère subjectif de la connaissance du monde est devenu une vérité élémentaire, il n’y a plus guère d’autre forme du matérialisme possible que celle-là. Et, bien que certains positivistes soient moins que d’autres favorables à l’observation intérieure, les plus animés contre l’introspection, Maudsley par exemple, sont bien forcés de reconnaître eux aussi que le monde extérieur tout entier rentre par la perception qui nous le révèle sous la dépendance de la conscience. « Supposez, dit-il dans sa Physiologie de l’esprit, que l’homme et les autres animaux doués d’organes de vision semblables disparaissent de la surface de la terre, c’en serait fait de la lumière ; il n’y en aurait plus, car la lumière est quelque chose de relatif à l’œil. « Ailleurs, il constate expressément les insuffisances de la méthode objective, livrée à ses propres ressources, dans l’étude des phénomènes de l’esprit : « Quand nous avons découvert par la recherche objective les antécédents physiques, nous devons de plus recourir à l’observation subjective pour établir les séquences exactes des états mentaux, que nous ne connaissons que par introspection, par rapport aux états physiques, qui sont l’objet de nos observations et de nos expériences. » (P. 47.) Ainsi, entre les deux groupes de penseurs si fortement opposés l’un à l’autre par M. Siciliani, les différences s’effacent ; les uns et les autres sont dégagés de toute illusion au sujet de l’existence absolue de la matière ; les uns et les autres admettent la nécessité de l’observation interne ; que reste-t-il pour les séparer ? Les uns veulent que la psychologie et la physiologie ne fassent qu’une science ; les autres insistent pour qu’elles restent distinctes. Faible démarcation. Pardessus cette chétive barrière, les positivistes comme Spencer donnent la main aux matérialistes comme Maudsley, et M. Siciliani rejoint MM. Herzen et Mantegazza. Mais que devient l’indirizzo medio ? Et que dirait Vico, ce bon chrétien, s’il voyait son nom engagé dans une pareille aventure ? Quant à Leibniz, qui figurait aussi à l’origine parmi les patrons de l’entreprise, il n’était vraiment plus possible d’invoquer son autorité.

On voit que notre auteur, tout encombré de sa science livresque, préoccupé de classer en groupes symétriques les innombrables philosophes et physiologistes qu’il a soigneusement étudiés, n’a peut-être