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pas pénétré beaucoup au-dessous de la surface dans des questions qui ont leur importance. Toute formule nouvelle n’est pas une doctrine neuve. S’il nous donnait son livre pour ce qu’il est, c’est-à-dire pour un brillant résumé des travaux psychologiques contemporains, nous le louerions sans réserve ; mais, quand on mène soi-même aussi grand bruit autour de ses solutions, il faut qu’elles soient de vraies trouvailles, sous peine de ne paraître rien moins qu’originales. Voici par exemple un passage où se trouve formulée une des conclusions partielles de l’ouvrage ; écoutons ce choc de mots : « Examiner le sujet en tant qu’il est aussi objet, c’est-à-dire se placer sous une telle lumière qu’on puisse étudier l’activité psychique comme objectivée dans son déploiement (mais avec tous ces procédés que savent nous fournir aujourd’hui les sciences renouvelées, et ces procédés seuls) ; se tenir au-dedans en somme, mais savoir se mettre aussi au dehors : voilà l’unification de la psychologie et de la physiologie, unification souhaitée par les philosophes, appelée par les soupirs des naturalistes ; compénétration des deux recherches, fusion des deux méthodes antagonistes repoussées tout à l’heure, maintenant corrigées, rendues, de contradictoires, seulement contraires, transfigurées et, pour emprunter une des énergiques expressions de Vico, animées en quelque sorte d’un même souffle (portati quasi ad un fiato) ; de la même manière que l’auteur de la Science nouvelle voulait animer d’un même souffle le fait et l’idée, le certain et le vrai, l’expérience et la raison, la philologie et la philosophie. » Était-il besoin, je le demande, de prendre une si grande voix pour proposer après tant d’autres de réunir les informations physiologiques et le témoignage de la conscience ? lien est de même de la plupart des solutions présentées dans cet ouvrage ; les questions ouvertes sont un expédient connu ; la psychologie comparée, préconisée justement par M. Siciliani, n’est plus une nouveauté depuis tantôt vingt ans, et la psychogénie ou étude du développement de l’esprit dans la série des êtres, dans la race et dans l’individu, est encore une création de beaucoup antérieure au livre qui porte ce nom. Seulement, tout en étudiant l’évolution de la pensée, on ne croyait pas jusqu’ici que l’on dût renoncer à découvrir les lois générales de la pensée qui dominent cette évolution même, c’est-à-dire que la psychogénie dût exclure et remplacer définitivement la psychologie. C’est là une idée propre à M. Siciliani. Elle ne parait pas d’une exactitude au-dessus de tout reproche, car la science de la vie, tout en admettant la phylogénie et l’ontogénie comme branches nouvelles, n’en subsiste pas moins dans sa généralité.

Il y a cependant dans l’ouvrage une partie plus personnelle : c’est