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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

saire des choses, et si, malgré cela, nous ne pouvons le concevoir, le monde où nous vivons e^t plein de contradictions.

« C’est ici que s’applique la distinction du percept et du concept. Concevoir les percepts, c’est les arrêter par l’attention. S’il n’y a ni cours, ni mouvement, ni durée, il n’y a pas de percept à arrêter. Concevoir, c’est changer ce qui est dynamique en quelque chose de statique. Un percept dynamique devient statique, non comme percept, mais comme concept. Le concept unité présuppose le percept pluralité ; le concept similitude présuppose le percept différence ; le concept repos présuppose le percept mouvement. Ce ne sont pas là des contradictoires, mais des contraires qui se suivent les uns les autres. Le percept dans chacun de ces cas est la chose saisie (appréhende), le concept est sa forme tandis qu’elle est saisie. La chose saisie est la condition de sa forme en tant que saisie. Ils sont réels l’un et l’autre, et il n’y a pas de contradiction entre eux. Nier le percept, c’est à plus forte raison nier le concept, qui en dépend.

« Sous le repos et le mouvement dans les choses empiriques, il y a le temps, la simple durée. La divisibilité sans reste, en des points qui n’ont pas de durée, est la condition de sa continuité en dépit de la différence de son contenu. La divisibilité infinie sans reste est la condition pour qu’il contienne tous les percepts et n’empêche aucune portion de ces percepts d’être changée en un moment statique. Vous ne pouvez détruire le mouvement, ou le changement qui fait la différence de toutes choses ; mais vous pouvez réduire ce mouvement et ce changement à une quantité infinitésimale. Vous pouvez ou fixer votre attention sur ces parties infinitésimales du mouvement, ou imaginer que la chose qui se meut est arrêtée au point de division, qui, par cela même qu’il est un point de division, n’a pas de durée. Dans les deux cas, le repos affirmé de la chose qui se meut ou change est importé en elle par votre conception, mais n’y est pas trouvé comme un percept. L’apparente contradiction entre le repos et le mouvement vient de ce que l’on ne distingue pas les différentes fonctions de la conscience dont ils sont l’un et l’autre les objets, et elle se dissipe dès que l’on prouve que le mouvement appartient aux percepts comme tels, le repos aux percepts en tant qu’ils sont conçus, ou dans leur caractère de concepts. Bien qu’affirmés de eodem et eodem ternpore, ils ne sont pas affirmés secundum idem. »

Les sophismes des Éléates, celui « d’Achille et de la Tortue », celui de « la flèche qui vole », reposent sur cette confusion.

On connaît les deux premières antinomies de Kant. D’après les thèses de ces deux antinomies, le monde est fini dans le temps et se divise en un certain nombre d’atomes. Si elles sont vraies, dit