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M. Hodgson, la distinction établie plus haut entre la nature et l’histoire est fausse ; elle est juste au contraire si les antithèses expriment la vérité. En effet, si le monde est fini, nous devons, pour en connaître la nature même, nous inquiéter de sa genèse, et c’est là une question qui concerne seulement, selon nous, l’histoire du monde. Kant résout ces antinomies en les réduisant à une opposition purement dialectique. Notre auteur n’admet pas cette solution et prétend que la régression empirique de la série des phénomènes est infinie, que les antithèses des deux antinomies sont vraies et les thèses fausses, et Kant, d’après lui, s’est trompé, parce que la majeure de ses prémisses traite des phénomènes comme d’un objet de perception directe, au lieu de les considérer comme un objet de la conscience primitive ou de la conscience réfléchie. « Traitez au contraire ces phénomènes comme une série de percepts primitifs, ce qu’ils sont en réalité, en d’autres termes considérez-les comme un objet de réflexion, capable d’une détermination quantitative, mais sans que nous connaissions déjà cette détermination, et vous trouverez qu’il n’est pas possible de leur donner une autre détermination que celle qui est exprimée par les antithèses[1]. »

Quant aux problèmes relatifs à la nature et aux fonctions des axiomes, il est très-naturel de les examiner à propos de cette distinction de la nature de l’histoire. On suppose ordinairement en effet, lorsque l’on soulève ces questions, une séparation entre la série des états subjectifs qui constituent la connaissance et la série des phénomènes objectifs qui se ramènent à la matière en mouvement. On se demande alors comment notre connaissance peut véritablement représenter les choses. En traitant cette question au point de vue de la distinction de la nature et de l’histoire, distinction qui explique le caractère de la séparation supposée, M. Hodgson veut résoudre le problème sous sa forme la plus ordinaire.

Il y a deux écoles à distinguer : l’une soutient que la connaissance commence par des hypothèses, lesquelles vérifiées peu à peu jouent à la fin le rôle d’axiomes ; l’autre, que nous avons dès l’origine certains axiomes, et que nous ne faisons des hypothèses que pour les appliquer. Pour la première, il n’y a pas à proprement parler d’élément nécessaire dans la connaissance humaine, mais seulement une croyance habituelle ; pour la seconde, s’il y a cet élément nécessaire, comment prouver que la constitution de notre esprit ne l’impose pas arbitrairement aux faits ? N’y a-t-il pas un moyen d’évi-

  1. Il nous semble qu’il y a ici quelque méprise : connue ou non, si la détermination des percepts est, comme elle doit l’être, quantitative, elle est par cela même finie, et c’est aux thèses de Kant que nous donnerions la préférence.