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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Chauffard. La vie : études et problèmes de biologie générale. Paris, J.-B. Baillière et fils. In-8o 1878.

Plut au Ciel, dit quelque part Leibniz, que les médecins philosophassent et que les philosophes médicinassent ! M. Chauffard est, suivant le vœu de Leibniz, un médecin qui philosophe, ce dont nous avons d’autant plus de raison de nous applaudir qu’il nous apporte un secours précieux contre de communs adversaires. Partis de points différents, les uns de l’étude de la conscience, les autres de celle des organes, nous nous rencontrons dans l’affirmation fondamentale de quelque chose de premier, d’un, d’essentiellement actif qui préside à l’homme tout entier, qui est l’âme et la vie. Ce principe, que, nous autres psychologues de la vieille école, nous croyons fermement apercevoir dans la conscience, la physiologie de son côté y arrive indirectement en remontant, par une induction qui nous semble d’une irrésistible évidence, des phénomènes de la vie jusqu’à leur cause. C’est là ce que dit très-bien M. Chauffard dans une introduction du caractère le plus élevé où toute sa doctrine est résumée : « La philosophie et la physiologie se rencontrent dans l’autonomie de l’être vivant, son unité, et sa spontanéité, la finalité qui gouverne et établit toutes ses fonctions, son incessante activité génératrice ; tous ces grands faits de doctrine non-seulement ne sont pas démentis par les démonstrations physiologiques, mais reçoivent de ses démonstrations une rénovation inattendue. » Nul plus que nous n’est touché du bonheur de cette rencontre, car nous sommes persuadé, autant que jamais, que l’âme pure pensée, l’âme séparée de la vie, destituée de la puissance vitale, n’est qu’une vaine abstraction incapable de résister aux efforts des adversaires du spiritualisme.

L’ouvrage de M. Chauffard est composé d’un certain nombre d’articles qui ont paru, depuis quelques années, à diverses époques dans le Correspondant. Peut-être l’auteur eût-il mieux fait de ne pas se contenter de les juxtaposer, au lieu de les remanier, de les refondre sous une forme plus systématique, et de nous donner un livre véritablement nouveau et non une série de fragments composés pour une revue littéraire. Il aurait ainsi sans doute évité quelques répétitions et quelques longueurs ; il aurait mis plus de précision dans son langage,