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analyses. — chauffard. Études et problèmes de biologie.

plus de rigueur et d’enchaînement dans la suite de ses idées ; il aurait surtout évité certaines incohérences, que nous devrons signaler, à l’égard de quelques formules sur l’essence de l’âme et de la vie.

Notre nom est assez fréquemment cité dans le cours de l’ouvrage ; nous y retrouvons deux articles publiés, dans le Correspondant, à plusieurs années de distance, sur la première et sur la seconde édition du Principe vital et de l’Âme pensante. M. Chauffard a toujours parlé de nous avec une bienveillance dont nous lui savons gré, mais non sans nous faire un certain nombre de critiques auxquelles nous sommes bien aise de répondre. Nous parlerons de lui en toute liberté, comme il a parlé de nous, en prenant pour exemple l’excellent ton de sa polémique.

Nous sommes tout d’abord étonné de la façon singulièrement dédaigneuse dont il traite et repousse l’animisme, qu’il rejette bien loin de lui comme une calomnieuse imputation et qu’il attribue aux autres comme la plus grave des erreurs. M. Chauffard ne soutient-il pas que l’âme, selon ses expressions, est la cause universelle de tout l’homme ? qu’âme et vie sont choses identiques ? Or n’est-ce pas là l’animisme ? Il aime mieux se dire vitaliste, quoiqu’il n’ignore pas le vague de cette expression, qui s’applique à tous les systèmes, depuis le duodynanisme de Montpellier jusqu’à l’organicisme et aux propriétés vitales d’une partie de l’école de Paris, à tous ceux enfin qui admettent quelque chose de plus que le pur mécanisme dans l’explication des phénomènes de la vie. Si donc cette dénomination d’animisme peut donner lieu à quelques malentendus, à combien plus encore celle de vitalisme, bien autrement vague et étendue ? Mais il semble craindre par-dessus tout de paraître avoir quelque chose de commun avec l’animisme de Stahl, quoique, au fond, sa doctrine soit la même. Certes nous n’avons pas nous-même tout approuvé dans Stahl ; nous l’avons abandonné quand il fait présider l’âme, non pas en tant que simple puissance vitale, mais en tant qu’intelligente et raisonnable, à toutes les fonctions de la vie, quand il lui attribue, par exemple, comme marque de haute prévoyance et d’insigne sagesse, de faire monter le lait dans les mamelles au moment de la grossesse. Mais ce n’est pas là le principal grief de M. Chauffard contre Stahl et contre ceux qu’il soupçonne d être ses partisans. Ce dont il l’accuse par-dessus tout, c’est d’avoir fait de l’âme un principe indépendant du corps, un simple agent moteur qui vient se superposer à la machine organique et en fait mouvoir tous les ressorts. Stahl, suivant lui, aurait mis l’âme en dehors du corps ou le corps en dehors de l’âme ; il aurait ruiné l’idée de force et réduit l’organisme à un pur mécanisme. Voilà, à ce qu’il nous semble, une inexacte appréciation de l’animisme de Stahl. Nul plus que l’auteur du De mecanismi et organismi diversitate a fait la guerre au mécanisme et à ces mécaniciens, qui lui donnaient, disait-il énergiquement, des nausées. Iratus mechanicis, a dit Haller en parlant de Stahl. L’âme fabrique elle-même son corps ; voilà un des points fondamentaux de la doctrine de Stahl, com-