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développement de la médecine expérimentale au Collège de France ; l’autre, employée au Muséum d’histoire naturelle à ses études de physiologie générale.

Le livre sur les Phénomènes de la vie, qui doit nous occuper ici, contient la substance des leçons professées au Muséum, comme les ouvrages antérieurs reproduisaient les cours du Collège de France. Répondant à des préoccupations différentes, ces deux enseignements étaient différents. Rassurons donc le Ministre intègre qui mit son honneur à faire cesser le scandale de quelques-unes de ces laborieuses existences en partie double et à poursuivre un si respectable cumul. Ni la bonne économie du budget ni les intérêts de la science n’ont été mis en péril, mais seulement la santé du savant ; et, pour deux chaires différentes, il y a eu véritablement deux professeurs différents.


De ces deux professeurs, le public savant n’en a connu qu’un seul, celui qui enseignait la médecine expérimentale dans cette chaire du Collège de France, où avait autrefois retenti la parole de Magendie et celle de Laënnec et de Corvisart. En suivant la voie physiologique. Cl. Bernard avait la ferme conviction de travailler après ces maîtres et plus efficacement qu’eux au perfectionnement de la médecine. Chercher par l’expérimentation l’explication des phénomènes de la santé (physiologie normale), de la maladie (physiologie pathologique), et en déduire les moyens d’une intervention certaine (thérapeutique), c’était poser le problème physiologique ; c’était poser également le problème médical. Au lieu de considérer la physiologie comme une branche de la médecine, il faut renverser la proposition et considérer la médecine comme une branche de la physiologie. Galien parmi les anciens et Broussais parmi les modernes avaient pensé ainsi ; ils avaient eu le sentiment très-clair des destinées de la science qu’ils appliquaient, comprenant bien que la médecine trouverait seulement dans les progrès de la physiologie l’instrument et la condition logique de ses propres progrès. La pensée qui inspirait leurs systèmes était vraie ; mais c’était la seule partie qui fût vraie ; la physiologie n’étant pas constituée, n’étant point en possession de sa méthode, il était impossible alors d’en faire le levier de la médecine. Mais cette tentative, illusoire au temps de Broussais, était devenue possible à notre époque, grâce aux progrès de la physiologie : et Cl. Bernard a proclamé la nécessité d’entrer dès à présent dans cette voie. Lui-même a donné l’exemple. Ses recherches sur la glycogénie ont éclairé d’une vive lumière la pathogénie du diabète ; ses études sur les vaso-moteurs ne sont pas moins