comme les autres ont en eux-mêmes le ressort de leur vie, qu’ils n’empruntent ni ne soutirent des voisins ou de l’ensemble. Tous ces habitants vivent en définitive de même, se nourrissent, respirent de la même façon, possédant tous les mêmes facultés générales, celles de l’homme ; mais chacun a, en outre, son métier, son industrie, ses aptitudes, ses talents par lesquels il contribue à la vie sociale et par lesquels il en dépend à son tour. Les corps d’état, le maçon, le boulanger, le boucher, le manufacturier, l’artiste, exécutent des tâches diverses et fournissent des produits différents et d’autant plus variés, plus nombreux et plus nuancés que l’état social est parvenu à un plus haut degré de perfection.
Tel est l’animal complexe. Il est organisé comme une cité, de telle façon que les conditions de la vie élémentaire ou individuelle de tous les citoyens anatomiques y soient respectées, ces conditions étant les mêmes pour tous. Mais, en même temps, chaque membre dépend dans une certaine mesure, par son genre de vie, par sa fonction et pour sa fonction, de l’ensemble dont il fait partie, du groupe social auquel il appartient et de la place qu’il y occupe. Il est, en même temps qu’un être autonome, un élément de l’ensemble, une pierre de l’édifice national. En un mot, il jouit à la fois d’une vie individuelle et d’une vie nationale.
Deux conséquences résultent des notions précédentes. Nous y trouvons d’abord l’explication de la communauté des phénomènes observés chez tous les êtres, animaux ou plantes. Ce qu’il y a d’universel dans une fonction telle que la respiration, par exemple, c’est ce qui revient en propre à l’élément anatomique, c’est ce qui transpire de son activité individuelle. Dans l’espèce de bruit particulier par lequel chaque être manifeste sa vitalité, nous démêlons le bourdonnement constant et pareil de l’instrument élémentaire. C’est parce qu’il y a une manière d’être commune à tous ces organites constituants, qu’il y a une manière d’être commune au composé, animal ou plante. Cette manière d’être commune à chaque cellule histologique, mode d’activité d’un protoplasma, identique dans les animaux et les plantes, c’est la vie à l’état de nudité, c’est la vie élémentaire. Son étude est l’objet propre de la physiologie générale.
L’obscure controverse engagée entre les philosophes et les physiologistes à propos du problème de la vie s’éclaire vivement à la lumière de ces vérités ; et voici que nous allons toucher du doigt le principe de leur désaccord.
Comment raisonnent les vitalistes, aussi bien M. Vacherot que M. Chauffard ? Pour continuer la comparaison qui a été faite de l’or-