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analyses. — lessewitch. Pisma o nautchnoi filosofii.

regretter pourtant que ni l’auteur dans son ouvrage, ni Avenarius et Paulsen dans leur Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche Philosophie n’aient défini exactement l’objet spécial des recherches philosophiques et n’aient indiqué les bornes de cette généralisation à laquelle ils attachent une si grande importance. Si elle doit s’arrêter aux bornes de l’expérience immédiate, sa tâche sera bien restreinte. D’un autre côté, toute science ayant le droit d’exister doit avoir une sphère spéciale de faits, dont la recherche lui appartient exclusivement. Si la philosophie est une science, il faut qu’elle en possède absolument une, et cette sphère, tout en lui appartenant exclusivement, doit en faire en même temps une science universelle. Si nous envisageons la philosophie comme recherche des rapports répandus dans le monde des idées et du savoir humain, nous aurons tout ce qu’il nous faut dans cette conception, et nous comprendrons aussitôt le droit d’existence de la philosophie et les motifs qui en font une science universelle et « généralisante ».

La lettre 8e est consacrée à la classification des sciences ; l’auteur les divise en concrètes et abstraites. L’objet des premières ce sont les phénomènes tels qu’ils sont groupés en réalité ; les secondes ont pour objet des phénomènes pris indépendamment des groupes qu’ils forment dans le monde réel. Le savant les en détache et les dispose en groupes abstraits, d’après certains traits caractéristiques qu’il leur découvre. Cette division est fort juste ; elle est même la meilleure qu’on puisse faire, mais elle ne s’accorde pas très-bien avec la conception de la mathématique comme science à part. N’est-elle pas plutôt dans le même sens une science abstraite ?

Le contenu des lettres 9, 10 et 12 s’éloigne un peu du but véritable de l’ouvrage. Il est évident que l’auteur a voulu nous donner une esquisse générale de son système, car il s’y occupe de questions dépassant déjà le domaine de la théorie, de l’entendement. Dans sa 9e lettre par exemple, il nous développe sa conception de la psychologie. Le critique éprouve un véritable plaisir à confesser qu’il est complètement d’accord sur ce point avec M. Lessewitch ; la manière dont ce dernier envisage la psychologie ressemble presque entièrement à celle que le critique a développée dans son article : « La psychologie est-elle une science[1] ? »

La lettre 10e lui est consacrée encore. Justes et profondes sont les remarques de l’auteur sur la volonté, qu’il distingue parfaitement (toutefois grâce aux indications de Göring) du choix moral. L’épître 11 continue l’analyse du problème de volonté. Ici, nous ne sommes pas d’accord avec toutes les démonstrations de M. Lessewitch, mais une polémique nous conduirait trop loin. La lettre 12 étudie, outre le problème de la volonté, celui de la conscience. La lettre 13 n’est plus qu’un appendice à l’ouvrage, que l’auteur considère comme achevé.

  1. Inséré dans le no 10 de la Revue philosophique, en 1877.