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analyses. — dühring. Kritische Geschichte der Mechanik.

perfection. L’ouvrage de Dühring sera certainement le point de départ d’une foule de monographies ou d’études partielles analogues au mémoire[1] de M. Thurot sur l’histoire du principe d’Archimède. Dühring aurait singulièrement facilité la tâche de ses continuateurs s’il avait fait connaître les résultats des recherches critiques qu’il n’a pas manqué de faire avant d’écrire.

Il est temps d’arriver à l’indication des points principaux que l’auteur a traités et de la distribution des matières qu’il a cru devoir adopter.

En mettant au concours le sujet qu’a traité Dühring, la Faculté de philosophie de l’Université de Göttingue avait placé au temps de Galilée la vraie origine de la mécanique. Dühring a suivi scrupuleusement cette indication.

Je demanderai la permission de faire ici des réserves. Qu’au point de vue en quelque sorte pratique où se placent d’ordinaire les savants on prenne Galilée pour le fondateur de la mécanique, j’y souscris volontiers. Mais qu’au point de vue de l’histoire on veuille procéder de la même façon, je n’y puis consentir. Je ne puis admettre qu’une histoire critique des principes généraux de la mécanique consacre à l’antiquité une introduction d’une dizaine de pages[2]. Tous ceux qui ont étudié la philosophie grecque ont rencontré cent fois dans leurs lectures des formules quelquefois précises, plus souvent obscures, se rapportant aux principes de la mécanique. Quelle est la signification vraie, la valeur exacte de ces formules ? Il est difficile à de purs érudits de répondre à cette question. Pour le faire, le docteur Dühring n’aurait eu qu’à le vouloir. Il a certainement laissé échapper l’occasion de nous rendre un service inappréciable. D’ailleurs, si Galilée a fondé la dynamique, ce sont les anciens Grecs qui ont fondé la statique. Quatre ou cinq pages sur Archimède, c’est vraiment bien peu.

J’aurais à faire sur le moyen âge des remarques analogues. Peut-être en cela choquerai-je bien des lecteurs qui regardent sinon l’antiquité, au moins le moyen âge, comme une époque absolument destituée de culture scientifique. Aussi chercherai-je à justifier mon dire par des faits, car, en histoire, les faits sont les seules preuves sans réplique. Que le lecteur veuille bien parcourir le mémoire de M. Ch. Thurot intitulé Recherches historiques sur le principe d’Archimède[3], il verra tout ce que, sur un point particulier, on peut accumuler de faits et d’observations importantes. Je ne crains pas de le dire, une histoire des principes de la mécanique dans l’antiquité et au moyen âge, composée dans les proportions du mémoire de M. Thurot, formerait un travail au moins aussi considérable que le livre de Dühring.

J’arrive à la première section de l’ouvrage que nous étudions et qui

  1. Aux bureaux de la Revue archéologique. Paris, 1869.
  2. Et encore cette introduction ne traite que de la Grèce.
  3. Paris, 1869. — Aux bureaux de la Revue archéologique et Librairie académique de Didier.