pour donner à la génération nouvelle l’éducation nécessaire pour conserver ce niveau élevé d’une façon durable. Si les associations communistes prouvent qu’elles peuvent être durables et prospères, elles se multiplieront ; elles seront adoptées successivement par des fractions des nations les plus avancées, au fur et à mesure que ces fractions se trouveront moralement propres à ce mode d’existence. Mais, si l’on voulait forcer des populations non préparées à vivre sous le régime communiste, alors même qu’une résolution politique donnerait la puissance de l’essayer, on n’aboutirait qu’à un désappointement.
Si l’épreuve de la pratique est nécessaire pour juger le communisme, elle ne l’est pas moins pour juger les autres systèmes socialistes qui découvrent les difficultés du communisme et inventent des moyens pour les surmonter. Le principal de ces systèmes est le fouriérisme. A ne le considérer que comme un produit de l’intelligence, il mérite l’attention de tous ceux qui étudient la société ou l’esprit humain. Il n’y a guère une objection, une difficulté que Fourier n’ait prévue, et à laquelle il n’ait opposé des mesures préventives par des inventions dont l’application serait l’effet de l’autonomie de l’individu, mais qui s’inspirent d’un principe de justice distributive moins élevé que celui du communisme, puisque le fouriérisme admet l’inégalité de la distribution et la propriété individuelle du capital, sans accepter qu’on en puisse disposer arbitrairement. Le grand problème auquel Fourier s’attache consiste à rendre le travail attrayant. Si l’on pouvait en obtenir la solution, la principale difficulté du socialisme se trouverait surmontée. Il soutient qu’aucun genre de travail utile n’est répugnant pour tout le monde à moins qu’il ne soit excessif ou dépourvu du stimulant de la compagnie et de l’émulation, ou considéré avec mépris par les hommes. Les travailleurs dans un village fouriériste se classent spontanément en groupes ; chaque groupe entreprend un genre d’ouvrage différent, et chacun peut être membre non-seulement d’un groupe, mais d’autant de groupes qu’il veut. On met d’abord un certain minimum pour la subsistance de tous les membres de la société, qu’ils soient ou non capables de travail ; on partage le reste du produit entre les différents groupes par une répartition qui rende attrayante à chacun la quantité de travail demandée et rien de plus : s’il y a trop de monde dans certains groupes, c’est un signe que ces groupes tout trop rémunérés par rapport aux autres ; s’il y en a de délaissés, il faut en élever la rémunération. La part du produit assignée à chaque groupe se divise en proportion fixe entre trois éléments, le travail, le capital et le talent la part du talent est adjugée par le suffrage