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netteté de la voix, la pureté de senteur, la diminution des excréments. »

Une autre Upanishad moins ancienne encore, sans doute, la Maitri, s’étend aussi fort longuement sur les auxiliaires et les effets de l’extase ; mais, comme la théorie que cet ouvrage expose confusément est résumée d’une manière très-systématique dans le Vedânta-Sâra, auquel nous aurons recours plus loin, nous bornerons ici les emprunts que nous avions à faire sur cette matière à la catégorie des livres sacrés appelés Upanishads.

§ II. — La délivrance dans les Brahma-Sûtras.

L’exposé des données que contiennent sur la théorie de la délivrance les Brahma-Sûtras et le commentaire de Çankara qui les accompagne est peu susceptible d’un arrangement systématique. Il faudrait pour arriver à ce résultat refondre des documents, qui ne sont pas dépourvus d’un certain enchaînement logique, dans un moule d’où ils sortiraient plus concis et mieux ordonnés en somme, mais en perdant leur caractère polémique auquel nous devons des explications de détail qui en font le principal intérêt. Pour cette raison, je procéderai comme je l’ai fait jusqu’ici pour les mêmes documents, c’est-à-dire par voie d’analyse et en suivant l’ordre même des textes.

D’après le Sûtra iii, 4, 52, il n’y a pas de distinction ni de degrés dans la délivrance. À cet égard, on ne saurait la comparer aux moyens d’acquérir la science, dont les fruits se distinguent en conséquences relatives à ce monde et à l’autre, selon que ces moyens ont plus ou moins de force. Tous les textes sacrés s’accordent en effet pour affirmer le caractère unique et invariable de la délivrance ou de l’état d’union avec Brahma qui en résulte pour l’âme individuelle. Si l’œuvre est susceptible de produire des fruits différents, il n’en est pas de même de la science proprement dite dont la délivrance est le fruit. La science est une, comme la délivrance est une. Quant à la science particulière ou qualifiée (saguna), c’est-à-dire celle que contient tel passage des Upanishads qui s’applique à l’état des âmes incorporées, c’est elle qu’a en vue le texte où il est dit : « On acquiert une condition conforme au culte qu’on rend à une divinité[1]. »

Aux Sûtras iv, 1, 1-2, on agite la question de savoir s’il faut réciter une seule fois ou plusieurs les textes sacrés relatifs à l’âme suprême et spécialement la grande phrase (mahâvâkya) : « Tu es cela » (tat

  1. Tam yathâ yathopâsate tad eva bhavati.