biles caractérologiques, dont la nature a pour effet de faire agir sur la volonté, comme motif, la représentation qui leur correspond. » Nous apprenons « que le sentiment du devoir amène le déplaisir en tant qu’il condamne à la non-satisfaction les inclinations égoïstes, mais qu’il est accompagné de plaisir en tant qu’il satisfait l’inclination naturelle qui lui correspond et qu’il élève le sentiment moral que nous avons de notre personne… Le sentiment du devoir est lui-même une inclination. Kant ne pouvait ni ne voulait l’admettre, parce qu’il prétendait élever une barrière infranchissable entre les inclinations naturelles, immédiates et le devoir. Le sentiment du devoir doit être défini : le sentiment d’être obligé… C’est le sentiment seul qui imprime à la représentation d’une action le caracatère du devoir[1] » Enfin le sentiment du devoir se décompose en trois autres sentiments : le respect de la loi, considérée comme supérieure à ma volonté ; la fidélité à la loi, c’est-à-dire la croyance à la permanence de l’obligation ; l’amour de la loi, qui sert de transition entre la moralité réfléchie et la vertu parfaite.
Ainsi conçu, le sentiment du devoir épuise le côté formel de la conscience morale (314). Mais il n’en détermine pas le contenu. « Le sentiment du devoir ajoute à un contenu défini la reconnaissance de l’obligation ; mais, en lui-même, il n’a rien qui puisse décider sur le contenu qui doit être regardé comme obligatoire. » (315.) Or un pareil contenu n’est fourni ni par la morale hétéronome, ni par le goût, ni par la sensibilité : « Il ne peut être question d’une obligation du goût au goût ou du sentiment au sentiment dans tous les cas. » (317.) Le goût et le sentiment apprécient et désirent ; ils ne donnent pas de lois. « Nous ne connaissons qu’un facteur dans l’esprit auquel il soit particulier de s’attribuer un pouvoir législatif inconditionnel et de réagir négativement contre C3 qui lui résiste : c’est la raison. La raison exige absolument que tout soit raisonnable et se retourne contre tout ce qui est contraire à la raison, soit pour le rendre raisonnable, soit, si cela est impossible, pour lui ravir l’être. » (318.) Puis nous lisons dans une note discrète, mais importante : « Il faut bien remarquer que nous nous mouvons ici sur un terrain purement phénoménologique. Il ne s’agit nullement de prescrire au lecteur ce qu’il doit faire, mais de constater : 1° que, sans la représentation d’un pareil tu dois, il n’y a pas d’obligation, par suite pas de devoir, pas de moralité consciente ; 2° qu’un pareil sentiment de l’obligation se rencontre effectivement dans la conscience, La question de savoir si à un pareil tu dois revient une importance plus que subjec-
- ↑ Phénoménologie, p. 307, passim.