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analyses.girard de rialle. Mythologie comparée.


le de Deo et Homine est bien loin encore de l’Éthique pour la grandeur de la composition, la richesse du développement, la sévérité sobre de la forme, » le fond de la pensée est le même dans l’ébauche que dans l’œuvre. « Ce sont les premières lignes d’un grand tableau, » et le travail qui nous les fait connaître ne sera pas perdu pour l’histoire du génie de Spinoza.

Jules Lagneau.

Girard de Rialle. La Mythologie comparée, Tome i[1].

M. Girard de Rialle expose dans une courte préface les principes qui l’ont guidé dans la composition de l’ouvrage dont il nous offre aujourd’hui la première partie. « Lorsque nous nous sommes proposé de l’écrire, dit-il, nous avons cherché la méthode, ou, pour mieux parler, la doctrine qui devait présider à notre plan. Nous l’avons cherchée dans les faits étudiés en dehors de toute conception a priori, et nous nous sommes bientôt convaincu que, dans le domaine du développement intellectuel et moral de l’humanité, la théorie de l’évolution trouvait une nouvelle vérification. » Par là, M. Girard entend que les idées religieuses, de même que le langage et les institutions sociales, ont « subi une suite de transformations successives dont les nombreuses fractions de l’humanité nous offrent les exemples divers, et qui ont laissé des traces reconnaissables jusque dans les sociétés les plus éloignées de leur état primitif. » Ces mots un peu pompeux de « méthode » et de « doctrine » indiquent donc un plan très-simple et qui ne sera sans doute guère contesté par les lecteurs auxquels s’adresse cet ouvrage. M. Girard n’a entrepris aucune polémique contre les partisans d’un point de vue qui trouverait difficilement, à l’heure présente, des représentants dans la science laïque, celui d’une « révélation primitive », dont la dégénérescence aurait donné naissance au fétichisme et au polythéisme. Il a estimé qu’il pouvait considérer à cet égard sa cause comme gagnée[2]. n semble se préoccuper davantage des objections qui pourraient lui être faites au point de vue de la philosophie positiviste. Mais sa crainte ne proviendrait-elle pas d’une définition incomplète du terme d’évolution ? Dans le sens où il est ici employé, ce mol nous semble avoir une acception bien différente de celle qui a engagé les chefs de l’école positiviste à l’écarter, à la fois comme indémontré et indémontrable. M. Girard de Rialle ne rencontrera certainement point de contradicteur pour cette proposition, que la religion se transforme au même titre que la philosophie, que le droit, que la morale, que la politique, que l’état social en général, et que ses trois états principaux sont le fétichisme, le polythéisme et le monothéisme. Il en rencontrerait certainement s’il avait affirmé que telle peuplade féti-

  1. Un volume in-12 de xii-363 pages. Paris, Reinwald, 1878.
  2. Voy. cependant p. 9 et 10.