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Il eût été bien difficile à M. de Caraman de refuser son aveu, car il sentait de reste que l’on pourrait s’en passer. Mais il était bon, et, s’il accorda ce qu’on venait lui demander avec une si parfaite déférence, ce fut sans doute avec l’arrière-pensée d’avertir Pompeïo de pourvoir à sa sûreté. Ce qui le fait supposer, c’est que, plus d’un mois après la visite des commissaires de la cour[1] à l’hôtel de la rue Joutx-Aygues, te pauvre philosophe était encore libre, si c’est être libre que de rester caché. Les capitouls, qui avaient eu mandat de l’arrêter, en leur qualité de chefs de la police, le recherchaient activement, sûrs qu’il n’avait pas pu s’échapper de la ville, dont les issues étaient gardées. Enfin, ils découvrirent, ou plutôt, on leur dénonça son asile. C’était la maison de « feu Noalhes », située rue des Giponiers, — rue Peyrolières aujourd’hui, — derrière le monastère de la Daurade, vis-à-vis de l’hôtel d’Espagne, et tout près d’une petite rue (la rue des Moulins, à présent du Tabac) qui conduit à la Garonne. En lui choisissant cette retraite, les amis de Pompeïo avaient-ils espéré que le fleuve pourrait devenir pour lui la voie du salut ? Ce qu’on peut dire, c’est que les sieurs d’Olivier et de Virazel ne leur laissèrent pas le temps de le faire évader. Le jeudi 2 août 1618, ils s’emparaient de Pompeïo et l’enfermaient aussitôt dans les cachots de l’hôtel de ville. Trois jours après, le prisonnier était transféré à la conciergerie du palais, en vertu d’un ordre du Parlement. Il venait d’y être écroué, lorsque le premier président Le Masuyer rentra à Toulouse, d’où il était absent depuis huit mois[2].

(La fin prochainement.)
A. Baudouin.

  1. Annales manuscrites de l’Hôtel-de-Ville de Toulouse, fome VI, fol. 13.
  2. Annales manuscrites de l’Hôtel-de-Ville de Toulouse, fome VI, fol. 5.