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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/233

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analyses. — g. neudecker. Geschichte der Æsthetik.

dent. Il y joint des lois ; le domaine esthétique est renfermé dans ces lois. Pour lui, les causes, ce sont ces lois.

Jusqu’ici a figuré au premier plan toute la série des questions métaphysiques agitées depuis des siècles sur le beau, le laid, le sublime, la grâce, l’harmonie, le style, etc. Celles-ci disparaissent ou sont indéfiniment ajournées. On y substitue la recherche empirique des faits ou des sensations qu’éveille en nous la perception du beau. C’est ce qui s’appelle la méthode d’en bas (von Unten), en opposition à la méthode d’en haut, qui débute par les plus hauts problèmes et qui constitue la méthode philosophique habituelle. Aux théories métaphysiques de l’esthétique d’en haut dont la prétention est de résoudre des questions insolubles tant de fois controversées, l’esthétique empirique substitue l’observation des faits, des sensations, des états de l’âme et des lois qui règlent la succession de ces états. La philosophie, qui veut expliquer d’abord le beau, sa nature, son origine, etc., poursuit des chimères. L’empirisme se borne à étudier les effets, c’est-à-dire les impressions immédiates que le beau produit sur nous. Tel est le point de départ, la base réelle, le seul moyen de nous mettre scientifiquement en possession de ce domaine. Là, rien n’est a priori, tout est positif et incontestable. À quoi dès lors se réduit le problème esthétique ? À la recherche des conditions selon lesquelles se produisent les impressions agréables ou désagréables. On étudie la naissance, l’accroissement, les degrés d’intensité de ces impressions. De plus, on cherche à ramener celles-ci à des mouvements ou à des modes du mouvement qui s’opèrent dans les organes. — Tel est l’objet et le but de cette science esthétique et sa méthode : toutes les questions importantes sur le beau et l’art sont préalablement mises de côté, écartées avec dédain. La philosophie du beau est déclarée impossible, ou elle doit, rentrer dans ce cadre. Il ne faut pas croire toutefois que cette école en apparence si modeste soit sans prétentions. Sa prétention à elle est précisément la clarté et la rigueur scientifique. « Plus en clarté qu’en hauteur » (mehr ins Klare als in Höhe), telle est sa devise[1].

L’esthétique de Fechner ainsi caractérisée, l’auteur suit la marche de son exposition, et on examine les points les plus essentiels. Quoique Fechner semble exclure toute définition du beau, lui-même cependant a la sienne, qui est celle-ci : « Le beau est ce qui excite immédiatement le plaisir. En d’autres ternies, c’est ce en quoi se trouve la propriété de plaire immédiatement et non par réflexion ou par les conséquences. » Prenant à partie cette définition, M. Neudecker adresse à son auteur les objections suivantes.

Il y a là, dit-il, deux questions importantes : 1o Pourquoi une chose esthétiquement nous plaît-elle ? 2o À quel titre a-t-elle le droit de nous plaire ?

À la première, Fechner répond avec toute son école que nous ne con-

  1. Sur l’esthétique de Fechner, voir le numéro de juin 1878.