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analyses. — wigand. Der Darwinismus.

et d’effet. » Au lieu d’invoquer le besoin et l’habitude (Lamarck) ou l’influence directe du monde extérieur (Geoffroy Saint-Hilaire), Darwin en appelle de préférence à une action réciproque et indirecte de l’organisme et du monde externe : savoir, la sélection lente et progressive, qui ne transmet que les déviations favorables. Ainsi l’organisation, conformée à des fins, n’est plus que le produit de deux facteurs, variabilité et aptitude à l’existence.


Par là, quoique d’une façon détournée, le darwinisme revient à l’explication téléologique de la nature. Pourquoi, en effet, demandera-t-on, n’existe-t-il actuellement que des espèces complètement adaptées à leurs conditions extérieures ? — Les autres, relativement moins bien adaptées, ne pouvaient subsister. Hypothèse gratuite, et réponse négative. En ce qui concerne les causes préformatrices des espèces actuelles, Darwin nous parle du « fait capital » de la variabilité. C’est diviser le problème de la création morphologique en une infinité d’instants très courts. Mais ces petites modifications elles-mêmes, d’où résulte le caractère typique, est-ce qu’il n’y aurait pas lieu de les expliquer aussi ? « Il faudrait avoir montré, dit très bien Wigand, pourquoi la modification favorable dont on parle sans cesse s’est produite dans l’organisme maternel, ce que naturellement Darwin ne recherche pas, la chose étant impossible. »

Le transformisme darwinien ne nous fournit donc aucune explication de l’origine des formes. « Le darwinisme fait du type organique une matière complètement dépourvue de caractère propre, subissant l’influence de mille variations indéfinies et se laissant modeler par le Struggle for life. Le monde organique tout entier, avec sa merveilleuse adaptation à ces fins, n’est à ses yeux rien de plus que le cliché mécanique du monde extérieur. »

Enfin la plupart des conditions d’organisation, pour être utiles à l’individu, veulent être achevées et parfaites, au lieu que Darwin les fait débuter par de faibles et insignifiants essais. Preuve nouvelle que les caractères d’adaptation ne sauraient être issus de la sélection. Toutes les propriétés organiques, par cela même qu’elles sont utiles à l’individu, doivent bien plutôt être apparues en même temps et dans leur état de perfection. « Ce n’est point par le monde extérieur que les organismes ont été informés, ei c’est réciproquement en vue des organismes que le monde extérieur a été constitué. » De là le rapport de corrélation harmonique que l’observation nous découvre entre ces deux mondes.


III. — Valeur scientifique de la théorie darwinienne.

Dans les sciences naturelles, expliquer, c’est montrer comment un fait découle d’un autre fait. L’explication que le savant adopte a le droit jusqu’à un certain point d’être hypothétique, mais il faut que l’on con-