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sences distinctes et irréductibles. Et même la totalité de l’être de la substance disparaît, attendu que les attributs doivent épuiser la substance dont ils sont l’expression nécessaire et complète. L’absolue substance s’évanouit, et à sa place apparaît un nombre infini d’attributs sans liens entre eux. »

Une vue intéressante sur le dogme de la création termine cette étude. Le panthéisme objecte que, dans l’hypothèse de la création, Dieu, étant une cause infinie et infiniment active, doit produire un effet absolument infini ; autrement, l’effet ne serait pas proportionné à la cause. Or le théisme sous peine de se nier lui-même en identifiant le monde avec Dieu ne saurait admettre que l’œuvre du Créateur soit absolument infinie. « Mais, répond M. Flint, l’effet infini doit-il nécessairement être renfermé dans le domaine de la contingence du temps et de l’espace ? Ne doit-il pas au contraire se rapporter à la sphère de l’essentiel, de l’éternel, de l’absolu ? Ne doit-il pas résider à l’intérieur plutôt qu’au dehors de la divinité ? Ne doit-il pas être un effet tel que celui qu’entendent les théologiens quand ils parlent de l’éternelle génération du Verbe et de l’éternelle procession du Saint-Esprit ? Il ne saurait être la création extérieure. Dieu ne peut jamais trouver ni produire hors de lui-même un objet égal à lui-même et pleinement en proportion avec son activité et son amour essentiels et nécessaires. » Ce qui revient à dire que Dieu ne trouve à sa toute-puissance un emploi digne d’elle qu’en étant, selon une formule souvent employée, cause de soi. — Il y a là, peut-être, la solution d’une des objections le plus souvent élevées contre le théisme traditionnel.

De nombreux appendices terminent l’ouvrage de M. Flint. Certains points secondaires qui n’ont été qu’indiqués dans les leçons y sont éclaircis, discutés ; ils contiennent en outre de précieuses indications bibliographiques. Ils seront lus avec autant d’intérêt que le livre lui-même. M. Flint est au courant des plus récents travaux publiés tant en Angleterre qu’en France et en Allemagne sur les graves problèmes qui font l’objet de son remarquable travail.

Y.

E. Joyau. — De l’invention dans les arts, dans les sciences et dans la pratique de la vertu. (Paris, Germer Baillière.)

S’il est un problème intéressant pour le philosophe, c’est celui de l’invention dans tous les domaines où s’exerce l’activité humaine. Entre-t-il une part d’originalité personnelle dans notre œuvre, ou faut-il admettre avec l’école anglaise que l’association de nos idées antérieures suffit pour expliquer les conceptions les plus élevées des