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En même temps que cette instruction, il a reçu les notions élémentaires les plus indispensables d’arithmétique, de géométrie et d’astronomie. Mais il ne doit les apprendre qu’en se jouant et sans être astreint à cet égard à aucune obligation. Ceux-là donc seulement qui montrent un goût particulier pour ces études recevront, pendant dix-huit mois environ, un enseignement scientifique proprement dit, dans lequel ces notions, analogues à celles données dans nos écoles primaires, seront développées et complétées, notamment par la théorie numérique des accords musicaux. Nous montrerons plus loin qu’au point de vue mathématique cet enseignement complémentaire dépassait en fait les connaissances scientifiques exigées actuellement pour notre baccalauréat es lettres.

Vers dix-sept ans et demi, les études sont interrompues et font place aux exercices gymnastiques indispensables pour compléter l’éducation militaire. Ce n’est qu’après ces exercices qu’a lieu le choix des jeunes gens admis à recevoir l’enseignement du second degré et destinés à s’élever plus tard aux fonctions du gouvernement[1].

Cet enseignement supérieur, exclusivement mathématique, dure dix ans ; il peut donc être très sérieusement développé, et les élèves peuvent même apporter leur pierre à l’édifice de la science. À trente ans[2], hommes déjà faits, ils sont, après élimination des sujets de moindre valeur, admis à l’instruction dialectique et exercés au raisonnement de vive voix. Ce dernier enseignement dure cinq ans[3].

De trente-cinq à cinquante ans, le futur magistrat remplit, comme ses condisciples du premier degré, son rôle de serviteur de l’État, et s’acquitte des emplois plus ou moins importants qui lui sont confiés ; enfin à cinquante ans[4], devenu relativement libre, il peut s’adonner à la philosophie, tout en prenant la part qui lui est réservée dans la direction des affaires publiques.

Tel est, dans ses grandes lignes, l’ensemble d’un système où, tout bien considéré, il n’y a qu’une lacune, évidemment voulue, —

  1. Civitas, VII, 537 b : Μετὰ δὴ τοῦτον τὸν χρόνον, ἐκ τῶν εἰκοσιετῶν οἱ προκριθέντες κ. τ. ε.
  2. Civitas, VII, 537 d :Τούτους αὖ, ἐπειδὰν τὰ τριάκοντα ἔτη ἐκβαίνωσιν, ἐκ τῶν προκρίτων προκρινάμενον κ. τ. ε.
  3. Civitas, 539 e : Ἀμέλει πέντε θὲς. Remarquons ici en passant un point sur lequel nous reviendrons plus loin, que, dans l’ordre d’idées platonicien, la dialectique, embrassant toutes les matières philosophiques d’alors, s’étend aux sciences de la nature comme aux sciences morales, à tout le cadre qu’ont rempli, pour l’antiquité, les travaux d’Aristote. Si le disciple infidèle a renié la tradition du maître, il ne l’a pas moins suivie, en fait, de beaucoup plus près qu’on n’est généralement porté à le croire.
  4. Civitas, 540 a : Γενομένων δὲ πεντηκοντουτῶν κ. τ. ε.