Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/682

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
672
revue philosophique

réfléchir. Il ne nous appartient de faire la leçon à personne ; mais nous sommes persuadé que, si cet examen de conscience était fait et bien fait, l’école positiviste elle-même avouerait qu’elle n’est pas sans péché. Il va sans dire que nous ne justifions pas les autres écoles ; mais, autant que les autres, elle aurait bien des fautes à confesser contre la règle qui a été posée plus haut. Nous croyons savoir que M. Eucken a entrepris un travail tout spécial sur ce sujet. Nous l’engageons vivement a l’exécuter et à le publier. Il aura rendu un nouveau service à la philosophie contemporaine.

Ch. Benard.

Gustav Teichmüller. — Ueber die Reihenfolge der Platonischen Dialoge. Leipzig, Kohler. 1879 (23 pages in-12).

La Revue a mentionné déjà (mai 1880, p. 591) l’important opuscule de Teichmüller sur l’ordre de succession des dialogues platoniciens. Nous signalerons aujourd’hui, sous le même titre, dans les Gœttingische Gelehrte Anzeigen (s. 42, octobre 1879), une intéressante réponse de l’illustre érudit aux observations formulées sur son travail par M. Th.-H. Martin dans la Revue critique du 13 septembre 1879. Teichmüller y affirme qu’il est parfaitement d’accord avec notre savant compatriote sur ce point qu’il ne s’agit en aucune façon d’appliquer purement et simplement le critérium à tirer du passage du Théétète (143 c). Après avoir réfuté quelques critiques de détail, il précise d’ailleurs son opinion.

Il établit qu’il y a lieu de négliger les questions de forme (diégématique ou dramatique), en dehors de ce qui concerne les discussions proprement dialectiques, mais il maintient que, pour celles-ci, les réponses à la troisième personne, par exemple (συνέφη ἢ οὐχ ὡμολόγει), indiquent une première manière antérieure au Théétète, de même que la forme purement dramatique prouve la postériorité du dialogue.

Sentant d’ailleurs le besoin d’expliquer cette habitude contractée par Platon de se servir de la forme diégématique pour l’exposition dialectique, Teichmüller propose une ingénieuse et séduisante hypothèse. Il admet que, dans la dernière partie de sa vie, celle où Platon l’a connu, Socrate exposait sa doctrine, non pas en discutant effectivement avec ses disciples, mais, ce qui était beaucoup plus instructif pour eux, en leur racontant des discussions anciennes auxquelles il avait pris part et qu’il devait au reste, en thèse générale, avoir remaniées ou refaites après coup dans sa tête. Ces récits étaient, d’après les indications fournies par Platon, rédigées par les élèves, et constituaient le cours du maître. On s’explique dès lors tout naturellement que l’auteur du Phédon, commençant, soit à publier ces cahiers socratiques au milieu