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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/163

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RIBOT. — l’anéantissement de la volonté

volontaires d’une partie de son corps, sans perdre les mouvements les plus automatiques. « L’étude des cas d’hémiplégie nous montre en effet que les parties externes qui souffrent le plus sont celles qui, psychologiquement parlant, sont le plus sous le commandement de la volonté, et qui, physiologiquement parlant, impliquent le plus grand nombre de mouvements différents, produits avec le plus grand nombre d’intervalles différents, » au lieu d’être simultanés comme les mouvements automatiques. Si la lésion est plus grave et si elle atteint non seulement les parties les plus volontaires du corps (face, bras, jambe), mais celles qui sont moins volontaires (perte de certains mouvements des yeux et de la tête et d’un côté de la poitrine), on trouve que les parties les plus volontaires sont beaucoup plus paralysées que les autres.

Ferrier fait remarquer de même que la destruction générale de la région motrice, dans l’écorce du cerveau, comme celle du corps strié, produit « les mêmes troubles relatifs des différents mouvements ; ceux-là étant le plus affectés et paralysés qui sont le plus sous l’influence de la volonté, du moins après que le premier choc est passé. La paralysie faciale réside surtout dans la région faciale inférieure, portant sur les mouvements les plus indépendants, le frontal et les muscles orbiculaires n’étant que légèrement atteints. Les mouvements de la jambe sont moins affectés que ceux du bras, ceux du bras moins que ceux de la main[1]. »

Le même auteur établissant une distinction entre les différentes sortes de mouvements et leurs centres respectifs, « ceux qui impliquent la conscience et que nous appelons volontaires au sens strict du mot » (les centres cortciaux supérieurs) et ceux e qui sont décrit comme automatiques, instinctifs, responsifs, y compris les adaptations motrices de l’équilibre et de la coordination motrice, l’expression instinctive des émotions, et qui sont organisés d’une manière plus ou moins complète dans les centres sous-jacents à l’écorce, » constate que ces derniers ont une indépendance relative qui est au maximum chez les vertébrés inférieurs (grenouille, pigeon), au minimum chez le singe et l’homme. « J’osai prédire, ajoute-t-il, que, chez les animaux dont les facultés motrices ne semblaient pas beaucoup souffrir d’une lésion destructive des centres nerveux, ces mouvements-là devaient être paralysés qui impliquent la conscience (mouvements volontaires) et n’étaient pas automatiquement organisés. C’est ce qu’ont amplement confirmé les recherches de Goltz. Il a montré que, bien que la patte du chien ne soit pas définitivement paralysée en tant que

  1. Ferrier, De la localisation des maladies cérébrales, trad. fr., p. 142.