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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/170

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Flechsig et Parrot ont étudié le développement de l’encéphale chez le fœtus et l’enfant. Il résulte des recherches de ce dernier[1] que, si l’on suit le développement de la substance blanche d’un hémisphère tout entier, on la voit s’élever successivement du pédoncule à la couche optique, puis à la capsule interne, au centre hémisphérique et finalement atteindre le manteau cérébral. Les parties dont le développement est le plus lent ont aussi la destination fonctionnelle la plus haute.

La période de formation terminée, le mécanisme de l’action volontaire paraît constitué comme il suit : l’incitation part des régions dites motrices de la couche corticale (région pariéto-frontale), suit le faisceau pyramidal, nommé volontaire par quelques auteurs. Ce faisceau, qui consiste dans le groupement de toutes les fibres partant des circonvolutions motrices, descend à travers le centre ovale, forme une petite partie de la capsule interne, qui, on le sait, pénètre dans le corps strié « comme un coin dans un morceau de bois ». Ce faisceau suit le pédoncule cérébral et le bulbe, où il subit une décussation plus ou moins complète et passe du côté opposé de la moelle épinière, constituant ainsi une grande commissure entre les circonvolutions motrices et la substance grise de la moelle, d’où sortent les nerfs moteurs[2]. Cette grossière esquisse donne quelque idée de la complexité des éléments requis pour l’action volontaire et de la solidarité intime qui les relie.

Il y a, malheureusement, des divergences d’interprétation sur la nature réelle des centres cérébraux d’où part l’incitation. Pour Ferrier et beaucoup d’autres, ce sont des centres moteurs au sens strict, c’est-à-dire qu’en eux et par eux le mouvement commence. Schiff, Hitzig et Nothnagel, Charlton Bastian, Munk ont donné d’autres interprétations qui ne sont ni également probables ni également claires. Elles se réduisent pourtant, en gros, à considérer ces centres comme étant plutôt de « nature sensitive », le rôle moteur proprement dit restant dévolu au corps strié. « Les fibres nerveuses qui, descendent de l’écorce corticale au corps strié, chez les animaux supérieurs et chez l’homme, seraient par leur nature strictement comparables aux fibres unissant les cellules « sensitive » et « motrice » dans un mécanisme ordinaire d’action réflexe[3]. » En d’autres termes, il existerait dans l’écorce cérébrale « des régions circonscrites dont l’excitation expérimentale produit dans le côté opposé du corps des

  1. Archives de physiologie, 1879, pp. 503-520.
  2. Huguenin, Anatomie des centres nerveux, trad. Keller. Brissaud, De la contracture permanente des hémiplégiques, 1880, p. 9 et suiv.
  3. Charlton Bastian, Le cerveau, organe de la pensée, tome II, p. 198.