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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/18

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toutes les compositions se classent sous l’un ou l’autre de ces titres : pezzi da cantare, pièces à chanter, et pezzi da sonare, pièces à jouer. De la première expression vient la cantate, qui n’est au début qu’un morceau de chant ; de la seconde, la sonate, qui a compris d’abord toute pièce jouée par un ou plusieurs instruments. Suivant le dessein particulier du compositeur, la sonata prend la forme de la ballata, pezzo per ballare, pièces à danser, ou celle de la sinfonia, qui ne fut au commencement qu’une ouverture, le vestibule de l’opéra.

Cette sinfonia, ou cette ouverture, ne prétendait dans l’origine qu’à un rôle modeste. D’après Arteaga[1], elle ne visait qu’à imposer silence aux causeurs et à éveiller l’attention de l’auditoire. Jean-Jacques Rousseau l’envisage à peu près sous le même aspect. Voici l’image qu’en esquisse son Dictionnaire de musique :

« Dans un spectacle nombreux, où les spectateurs font beaucoup de bruit, il faut d’abord les porter au silence et fixer leur attention par un début éclatant qui les frappe. Après avoir rendu le spectateur attentif, il convient de l’intéresser avec moins de bruit par un chant agréable et flatteur qui le dispose à l’attendrissement qu’on tâchera bientôt de lui inspirer, et de terminer enfin l’ouverture par un morceau d’un autre caractère, qui, tranchant avec le commencement du drame, marque, en finissant avec bruit, le silence que l’acteur arrivé sur la scène exige du spectateur. »

Dans les premières formes de la symphonie, on trouve trois morceaux, distincts : l’introduction, l’andante et le finale, lesquels ne sont que le développement des trois parties intégrantes de l’ouverture créée par le génie de Scarlatti. À ces trois morceaux, Joseph Haydn en ajouta un quatrième : le menuet, emprunté à la suite d’orchestre qui s’était formée parallèlement et même antérieurement à la symphonie, par le simple rapprochement d’une série de pièces à danser : ballate.

Ce bref et substantiel exposé de M. Victor Wilder nous apprend sur la naissance et la croissance de la symphonie presque tout ce qu’il nous est utile d’en savoir. Mais, pour être suffisamment édifiés, il est indispensable que nous y ajoutions le passage suivant du même auteur, où l’on voit la psychologie sortir de l’histoire et l’éclairer du jour le plus vif :

« Il est curieux de le remarquer, dans ce travail de développement des trois morceaux primitifs de la symphonie, c’est encore

  1. Artenga, Le Rivoluzione del Teatro musicale italiano, dalla sua origine, fino al presente. Bologne, 1783.